Marc Duval (Gilles Lellouche) est un type ordinaire, avec ses problèmes ordinaires. Enfin en apparence parce qu’il ne vit pas à Gibraltar sans raison : autrefois, il a obtenu un prêt de 100.000 francs qu’il n’a jamais remboursé…
Mais malgré tout ça, il a des problèmes de trésorerie (un bar et un bateau à rembourser). Il est alors embauché par Redjani Belimane (Tahar « Aznavour » Rahim) pour servir d’aviseur de la douane française : il signale des trafics contre rétribution, c'est-à-dire 10 % des saisies.
Mais la douane anglaise (nous sommes à Gibraltar) entre dans la danse, et comme si cela n’était pas suffisant, un caïd de la drogue, Claudio Lanfredi (Riccardo Scamarcio) le prend sous son aile, faisant de lui un narcotrafiquant d’(envergure internationale.
A ce moment-là, les soucis pécuniaires du début ont des relents de paradis perdu…
Et en plus, c’est d’après une histoire vraie, celle de Marc Fievet, qui fut aviseur pour la douane française avant de se retrouver en prison…
Deux ans après L’Assaut, qui racontait la prise d’otages d’un avion en 1994, Julien Leclercq revient avec une autre histoire vraie qui a défrayé la chronique : celle de cet informateur des douanes qui est tombé pour trafic de drogue, abandonné – lâchement ? – par ses commanditaires originels… Et le moins que l’on puisse dire, c’est que Leclercq s’en sort avec les honneurs, réalisant un film qu’on pourrait qualifier d’efficace si ce terme n’était pas teinté d’une certaine violence. Non pas que le film est calme, mais la violence n’y est pas l’élément le plus déterminant. L’intrigue – et l’action – se concentre(nt) sur Duval, et surtout comment il en est arrivé là.
Et le scénario d’Abdel Raouf Dafri se déroule en deux parties séparées par un long flash-back, avant d’arriver à al dernière opération, celle qui va faire tomber ce caïd bien singulier.
Et Gilles Lellouche interprète (encore une fois avec talent) magnifiquement le rôle de cet homme contraint à mentir pour vivre, au début, puis survivre, quand les choses se compliquent. Il est un Duval très convaincant, un homme qui risque un doigt dans un engrenage et va y perdre plus que son bras, malgré l’avertissement initial de son mentor… Ce mentor qui est lui aussi dépassé par l’ampleur du lièvre soulevé par celui qui ne devait être qu’un petit informateur.
On suit avec intérêt cette accumulation de mensonges obligés que cet homme bien isolé doit entretenir afin de rester en vie. Et on se demande encore comment il a réussi à survivre à cet incroyable imbroglio. Comme quoi, parfois, la réalité dépasse de loin la fiction !
Bien entendu, l’institution en prend pour son grade, surtout avec les derniers intertitres, mais Leclercq aurait tout de même pu préciser que son modèle – dans la réalité – avait tout de même obtenu gain de cause (1) auprès de la justice française.
Mais on ne va pas s’offusquer sur ce détail qui n’empêche pas d’apprécier à sa juste valeur ce film maîtrisé de bout en bout.
Et puis au cinéma, vous savez bien que tout est permis, même d’arranger la vérité…
Vérité et cinéma ne vont pas toujours bien ensemble (2), et de toute façon, ce n’est pas ce que l’on recherche quand on va voir un film !
- Non, il ne meurt pas à la fin !
- Sauf chez Clouzot, bien sûr, mais ceci est une autre histoire…