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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Muet, #Benjamin Christensen
La Sorcellerie à travers les âges (Häxan - Benjamin Christensen, 1922)

Häxan, le titre original, ça veut avant tout dire « la sorcière ».

Le titre français s’expliquerait donc dans un souci – toujours le même – de faire venir les spectateurs.

Parce que le film de Benjamin Christensen, c’est avant tout le portrait de la sorcière en tant que personne. Il n’est pas question d’expliquer les sortilèges et autres mauvais sorts. Seul compte le statut de cette femme et son propre sort… « A travers les âges » précise le titre, est un tantinet trompeur : on a des exemples médiévaux et une comparaison avec le XXème siècle. A travers deux âges, donc.

 

Ce film est un exposé. Christensen va traiter du thème des sorcières (et non pas de la sorcellerie qui concerne les femmes ET les hommes) en sept parties (nombre symbolique s’il en est). La première partie est toute théorique, illustrée de gravures anciennes présentant le propos du film.

Dès la seconde partie, Christensen illustre ce qu’il vient d’exposer. Cette exposition passe par des utilisations récurrentes du pronom « je » du conférencier qui s’adresse à son public.

 

Mais c’est avec la troisième partie que l’action est lancée. Une vieille femme aux manières frustes est dénoncée auprès de l’Inquisition pour fait de sorcellerie. Elle est arrêtée et « questionnée ». A partir de là, c’est une escalade : dans l’histoire elle-même et dans la frénésie des images. C’est une description formidable du sabbat, avec en surimpressions des sorcières chevauchant leur balai : magnifique.

 

Mais à travers cette histoire malheureuse – un délit de sale gueule dirions-nous aujourd’hui – c’est à l’arbitraire de la situation que s’attaque Christensen. Et aussi au sort des femmes, coupable tout désigné par l’Eglise depuis Eve et le péché originel.

Alors nous allons suivre des femmes, plus ou moins âgées, plus ou moins habillées (mais de dos, ne vous excitez pas !), mais toutes accusées de sorcellerie.

Et qui les accuse ? Des hommes. D’église. Sous des prétextes fallacieux (pléonasme ?) avec des arguments aussi terribles que péremptoires contre lesquels aucune défense ne peut tenir.

 

Parce qu’il ne faut pas oublier que les vrais accusateurs de sorcellerie sont avant tout les religieux, ceux qui étaient menacés par un savoir qui allait au-delà de leur foi, d’où leur crainte. Mais ici, c’est avant tout l’arbitraire qui est exposé.

Cela n’empêche pas d’illustrer la superstition ambiante, avec force diables dévêtus au système pileux développé, de toute taille et de toute forme, avec le bestiaire - merveilleux s’il n’était diabolique – qui va avec.

 

Et puis le docteur Freud arrive – on ne le voit pas, ni ne le suggère – et ce mal qui possédait certaines femmes a une explication rationnelle et même un nom : l’hystérie. Voilà la cause de cette déviance féminine.

Mouais. Pourquoi pas. Cela sert son propos, mais n’explique pas la majorité des exécutions de femmes comme sorcières.

Et c’est là que mon ami le professeur Allen John  intervient : « qu’est-ce que ça peut faire ? N’oublions pas que c’est du cinéma. »


Alors profitons que c’est du cinéma, parce que nous assistons à un magnifique film tout en suggestions (sauf la flagellation de l’inquisiteur), avec des éclairages et des gros plans pertinents. Du très grand art.

 

A voir (et revoir) un soir, quand la nuit est sans lune, bien entendu…

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