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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Muet, #Roscoe Arbuckle
Le Cauchemar de Fatty (He did and he didn't - Roscoe Arbuckle, 1916)

Comme tous les soirs, le docteur (Roscoe Arbuckle) et sa femme (Mabel Normand) se préparent pour dîner.

Or ce soir-là arrive Jack (William Jefferson), un ancien camarade de classe de Mabel.

Ce soir-là aussi, il y a du homard au menu.

Le docteur et Jack vont passer une drôle de nuit…

 

Nous sommes dans une configuration de vaudeville, avec un mari, une femme et un tiers. Mais ce tiers n’est absolument pas l’amant de la femme, même si le docteur le présume.

On a alors un drame de la jalousie d’une noirceur peu commune dans les films réalisés par la compagnie de Mack Sennett, où tout était prétexte à gags plus ou moins légers.

 

Mais il ne faut pas oublier que c’est Roscoe Arbuckle qui dirige. Et si ce dernier avait une apparence massive (1), il n’en demeurait pas moins un homme très subtil et délicat.

Comme nous sommes dans les locaux de la Keystone, le film est un enchaînement de gags où finalement c’est cette subtilité arbucklienne qui domine.

Bien entendu, on a droit à du comique nerveux avec la participation de Al St. John (toujours fidèle au poste) en cambrioleur (très) bondissant amenant une scène de poursuivre dans la maison dans la droite lignée des films de chez Sennett.

 

La première séquence, où Mabel et Roscoe se préparent est un véritable enchantement. On sent une complicité dans leur affrontement. Ils sont complémentaires et ça se voit. Mabel joue – à sa façon – dans le même registre que son partenaire : les gags sont très bien trouvés et s’enchaînent avec pertinence, passant parfois même de l’un à l’autre avec bonheur (ex : l’appui sur un meuble) (2)

 

Mais à côté de cela, le film comporte une noirceur terrible, amenant une véritable tragédie. Car si, dans un premier temps, les pistolets ne sont là pour ajouter des rebondissements (physiques), à un moment donné, ils retrouvent leur usage premier : tuer des gens.

On arrive alors à un paroxysme tragique, d’où le docteur sort tourneboulé, avançant tel un automate, perdu dans le désespoir de son geste (3).

 

Mais nous sommes à la Keystone, alors il faut une fin heureuse. Elle sera là, bien entendu, pas si étonnante qu’on aurait pu le croire puisque le titre original l’annonçait : « il l’a fait et il ne l’a pas fait ». Quoi ? C’est justement la fin du film qui annonce ce titre un tantinet mystérieux (4).

Mais si le film se termine sur une demi-teinte heureuse, la toute dernière image du docteur dissipe les craintes qu’on eût pu avoir : le bref sourire contagieux de l’immense Roscoe.

 

Quel malheur qu’un tel génie fût voué aux gémonies !

 

 

(1) Il se surnommait lui-même le Prince of Whales (jeu de mots intraduisible, bien sûr…)

 

(2) (re)voyez-le, vous comprendrez…

 

(3) On retrouve là une image presque prémonitoire de Roscoe Arbuckle : c’est ce même masque désespéré qu’on lui connaît après le déclenchement du scandale absolument injuste qui porte son nom (1921)

 

(4) SPOILER ! Le titre français, quant à lui, annonce carrément la chute de l’histoire : ce n’était qu’un mauvais rêve.

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