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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Ernst Lubitsch
Le Ciel peut attendre (Heaven can wait - Ernst Lubitsch, 1943)

Henry van Cleve (Don Ameche) a eu une vie bien remplie. Et souvent, quand une vie est bien remplie, elle l’est surtout de choses qui ne le sont pas toujours, bien.

Alors le moment venu, Henry descend directement rencontrer son Excellence (Laird Cregar) le Diable, histoire d’en finir plus vite.

Mais justement, ça ne se passe pas aussi vite que voulu, et Henry se retrouve à raconter sa vie, et les femmes qui l’ont remplie et comblé…

 

C’est une comédie familiale qu’on nous propose dès le générique d’ouverture : les différents acteurs, producteurs, techniciens (etc.) sont écrits comme sur du point de croix. Avec de belles lettres bien rouges (merci au Technicolor…). Ce sera donc une comédie domestique. Et c’est sûr, on ne sort que rarement de la maison, sinon pour aller dans une autre maison. De toute façon, c’est d’après une pièce de théâtre où, généralement dans ce cas, l’intrigue se situe en intérieur.

Et ce qui est bien avec Lubitsch, c’est qu’on est sûr d’avoir droit à une comédie brillante mêlée d’une certaine dose de mélancolie. Où la gravité s’efface devant le rire, mais sans jamais complètement disparaître.

 

Oui, Le Ciel peut attendre : Henry va, involontairement, plaider sa cause. Raconter sa vie. Sa vie où l’amour, l’une des rares composantes qui n’a pas lieu dans l’endroit où il se trouve, a toujours dirigé sa vie. L’amour maternel, puis enfantin, la complicité avec une « mademoiselle » (en français dans le texte…), puis le grand Amour (remarquez l’initiale), avec celle qu’il ne pourra qu’aimer : Martha Strable (Gene Tierney). Et comment cela pourrait-il en être autrement ? Gene Tierney, en plus d’être magnifique, nous propose une jeune femme amoureuse de son mari, envers et contre tout. Cet amour, malgré quelques (tout) petits coups de canif dans le contrat par son mari, reste comme elle : magnifique.
Tellement magnifique que… Mais je vous laisse (re)découvrir.


Par contre, pour que cette – somme toute – histoire d’amour plutôt normale prenne une autre dimension, il faut absolument des personnages plutôt hors du commun. Et les autres, ceux qui gravitent autour de nos deux amoureux ont cette singularité qui transforme cet amour en une grande chose, comme l’annoncent Martha et Henry lors des 50 ans de ce dernier.

 

En effet.

D’un côté, la famille van Cleve, avec une mère poule (Spring Byington) voire protectrice et un père (Louis Calhern) obnubilé par sa lèvre supérieure (quand ce n’est pas son menton) mais finalement sans grand caractère, Henry ne peut être qu’un bon à rien. Et il en est tout à fait conscient, allant même jusqu’à envisager de travailler si sa future femme le lui demandait ! Rassurez-vous, il n’en fera rien.

De l’autre, une jeune femme, coincée entre un père (Eugene Pallette) gros éleveur de viande et une mère (Marjorie Main) un tantinet acariâtre, et qui en plus se font la tête la plupart du temps. Bref, une vie misérable au fin fond du Kansas. Non que j’ai quelque préjugé contre le Kansas (sauf s’ils ont voté massivement pour Trump)…

Et si en plus elle doit épouser l’homme idéal (pour des parents, s’entend), Albert, le cousin d’Henry, un homme très bien, certes, mais ennuyeux au possible.

Heureusement, dans leurs malheurs (?), ils peuvent compter sur le grand-père van Cleve (formidable Charles Coburn), un adorable vieux monsieur absolument déraisonnable : Henry est exactement ce qu’il aurait voulu être, mais ne l’a jamais pu, l’époque ne s'y prêtant peut-être pas.


Au final, une superbe comédie, où, comme d’habitude, la musique a son rôle à jouer (une petite pensée au passage pour le grand Alfred Newman), avec un beau clin d’œil à une comédie passée du grand Ernst : La Veuve joyeuse.

 

Je n’y peux rien, je fonds à chaque nouvelle vision…

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