Samuel C. Adams (Albert Gran), un magnat américain débarque à Southampton, accompagné de sa fille Dorothy (Constance Talmadge). Officiellement, ils sont là car elle doit soigner ses nerfs. Officieusement, il est temps qu'elle trouve un mari.
Tous les riches (et moins riches) célibataires d'Angleterre sont prévenus.
Mais c'est Paul Menford (Ronald Colman) qu'elle rencontre. Un aristocrate plutôt désargenté. C'est « l'amour au premier coup d'œil », comme disent les anglo-saxons.
Et cet amour va se développer...
Malgré eux !
Alors que le cinéma muet atteint son apogée*, la comédie est en train d'évoluer. Alors que le burlesque (slapstick) est en plein déclin et que Chaplin, Keaton (etc.) développent un humour de plus en plus subtile, apparaît ce qui va exploser et s'imposer dans les années 1930 : la screwball comedy (screwball = cinglé). Et ce film de Sidney Franklin est pleinement dans cette lignée. Mais comme nous sommes dans un film muet, les répliques sont remplacées par un comique de situation de plus en plus loufoque.
Dès le début, tout est réuni pour une belle histoire d'amour : une rencontre fortuite, une occasion, et... Et Paul devient docteur à la place de son oncle. Et il doit soigner Dorothy ! Alors la relation se précise... Mais Paul a besoin d'argent, alors il vend sa maison, et décide de rompre avec Dorothy.
Maison que papa Adams achète. Un soir que Paul rentre chez lui ivre, il se trompe et entre dans son ex-maison. Où dort Dorothy...
Bref, tout est là pour une magnifique comédie basée sur le quiproquo : dès qu'une ébauche de relation commence à naître, un rebondissement intervient et détruit tout. Jusqu'à la réalisation finale. Plus Dorothy et Paul essaient de se tirer d'une situation qui devient de plus en plus embarrassante, plus ils s'y enfoncent. Avec en point d'orgue, le lendemain de cette fameuse nuit de romance dont parle le titre original. [A ce propos, d'ailleurs, du point de vue de la traduction du titre, on atteint des sommets dans le n'importe quoi...]
Heureusement, le destin veille et leur envoie un agent immobilier de l'espèce requin sans scrupule : Joe Diamond (Jean Hersholt).
Nouveau rebondissement, nouveau moment dramatique... Mais c'est une comédie, alors tout se terminera bien.
Mais c'est comment arrive cette fin heureuse qui nous intéresse. Et on n'est pas déçu. Il faut dire que le casting est magnifique. Même si tous ne sont pas des stars du cinéma, il y a un jeu très juste de chacun, Constance Talmadge et Albert Gran en tête, vrais ressorts de cette comédie. Même Ronald Colman, en amoureux mal à l'aise est très drôle. Quant à Jean Hersholt, même s'il reste un méchant habituel, il est tout de même à sa place ici.
Alors on rit de bon cœur de cette situation qui ne fait qu'empirer, pour notre plus grand bonheur. Constance est magnifique : sa première apparition est inoubliable, surtout son sourire « enchanteur ». Quant à Albert Gran, sous des allures de Henry Bergman, il est un père irrésistible.
Un régal !
* En 1924, sortent - excusez du peu - le Dernier des hommes, la Croisière du Navigator, le Cheval de fer, le Voleur de Bagdad, les Rapaces... Je continue ?