Si le titre français tient en partie compte de l’intrigue, il faut aller chercher dans le titre original le véritable thème du film : Hot Water.
Il n’est pas question d’eau chaude, mais de l’expression « to be in hot water » qui signifie être dans le pétrin.
Et pour y être, Hubby (Harold Lloyd) y est, et profondément.
Mais reprenons.
Jeune célibataire, il s’étonne que ses amis se marient, conscient que jamais il ne cèdera à un quelconque regard langoureux. Bien entendu, c’est u ne fois qu’il l’a dit qu’il croise sur son chemin une belle jeune femme (Jobyna Ralston) qu’il va bien sûr épouser.
Et comme toujours dans ces cas-là, la belle jeune femme a une famille. Et si cette famille n’est pas spécialement riche comme le suggère le titre français, elle vaut tout de même son pesant d’or : une belle-mère présidente d’un club de dames patronnesses (Josephine Crowell) ; un beau-frère adulte (Charles Stevenson) qui a un tel poil dans la main qu’il s’en sert de canne ; et un autre (Mickey McBean), très jeune, qu’il est préférable de tenir à l’œil sinon au bout d’une laisse.
Ces bonnes débarquent chez les jeunes mariés le jour où est livrée la voiture qu’Harold a achetée…
Après une exposition rapide qui amène le mariage, le film se divise en trois parties : la première voit Harold gagner une dinde à la loterie du marché et la ramener chez lui par le tramway ; la seconde voit une promenade automobile qui tourne rapidement à la catastrophe ; et la dernière qui voit tout ce petit monde à la maison après la destruction de la voiture.
Si ces trois parties vous semblent apposées, il ne faut absolument pas vous y fier.
Certes, les deux premières sont l’occasion d’une série de gags visuels très savoureux, elles sont indispensables au bon déroulement de la troisième.
Car si Harold se retrouve dans « l’eau chaude », c’est bien entendu en plongeant la tête la première, mais la sortie est tout de même au bout, après cette troisième partie qui utilise les différents événements des parties précédentes dans un quiproquo absolument génial.
La dinde et la voiture (très) accidentée vont y jouer un rôle des plus savoureux (1) : alors qu’Harold pense avoir tué sa belle-mère d’une overdose de chloroforme, différentes interventions de policiers – en rapport avec ce qu’il s’est passé avant, donc – vont faire accroire à notre héros qu’il va bientôt se retrouver en prison, voire sur l’échafaud !
Bref, nous sommes dans du très grand Harold Lloyd où le comique est omniprésent en gestes, en situations voire en paroles (les intertitres sont eux aussi source de gags), amenant des situations de plus en plus élaborées et de plus en plus drôles, continuant la régulière progression du cinéma comique hors des ressorts du slapstick vers un comique beaucoup plus fin prenant en compte les aspects psychologiques des personnages, tout en restant dans des cadres stéréotypés indispensables : la belle-mère est un exemple quasiment incontournable de ces stéréotypes.
Ici, Harold veut se débarrasser de sa belle-famille (la mère en priorité, cela va sans dire) : son voisin lui conseille de ne pas l’affronter à jeune et donc de boire une bonne rasade d’alcool (2).
Ce conseil, risqué tout de même quand on sait que la vieille dame a prononcé un discours important, va quand même porter ses fruits (3), et l’absorption de ce liquide prohibé est même indispensable à la fin heureuse attendue.
Après, si vous voulez savoir comment, je vous laisse découvrir…
- Quel régal, décidément…
- N’oubliez pas que le Volstead Act est en application depuis cinq ans et va se poursuivre neuf ans encore…
- Normal, dans une comédie, tout se termine bien. Pour le héros.