Bienvenue aux soixante-quinzièmes « Jeux de la Faim ».
On retrouve les protagonistes du film précédent, moins Seneca (Wes Bentley), victime d’une indigestion à la fin du premier opus. Mais on gagne un nouveau personnage, et pas des moindres : le Haut Juge Plutarch (Plutarque ?) Heavenbee (Philip Seymour Hoffman, déjà sur la pente descendante). Nous sommes en pays connu : on connaît les ficelles du jeu, on reconnaît Caesar (Stanley Tucci) le formidable présentateur au sourire encore plus blanc que pour une publicité. Pas besoin donc de remontrer les différents mondes dans lesquels évoluent ces gladiateurs modernes.
Cette fois-ci, on appuie un peu plus sur la dimension politique de l’histoire. Coriolanus Snow (Donald Sutherland) est un véritable dictateur, secondé par son armée de pacificateurs (« peace keepers »), pas vraiment pacifiques. On entrevoit ce qui sera la dernière partie (en deux films) avec les premiers actes de révolte.
Mais le spectacle continue !
C’est toujours le même jeu, avec de nouvelles règles : ce ne sont pas de jeunes ados qui iront s’entretuer, mais d’anciens vainqueurs. Et, comme par hasard, il n’ »y a pas de choix pour le district 12 : Katniss Everdeen (Jennifer Lawrence) est la seule participante encore en vie. Et Peeta (Josh Hutcherson) est aussi de la partie.
Mais si le premier épisode insistait beaucoup sur la sauvagerie des combats et des scènes de violence en règle générale, ce deuxième volet insiste plus sur l’aspect déréglé de ces Jeux. La mécanique bien huilée qui a prévalu pendant 74 ans est en train de se gripper, voire de se détruire. La conclusion du précédent film semblait être, pour Snow et consorts, qu’on incident de parcours. Mais déjà avant le début des combats, les Jeux sont en sursis : le public n’en veut plus beaucoup. Ces jeux ne parviennent plus à cacher la véritable nature du système. La révolte gronde, malgré les exécutions – publiques, cela va (presque) de soi – faisant de Katniss le symbole de cette révolte.
Francis Lawrence (aucun lien de parenté avec la belle Jennifer) a définitivement remplacé Gary Ross, donnant un peu de recul dans les points de vue. Il y a peu de caméra à l’épaule et les plans se succèdent à un rythme plus normal. Mais il reste tout de même efficace dans ses scènes d’actions, avec aussi un peu moins de barbarie. On s’entretue, certes, mais différemment, et beaucoup moins. Les jeux du cirque ont perdu de leur côté meurtrier.
Et surtout, comme disent Mulder & Scully : « la vérité est ailleurs ».
Tout est donc prêt pour la troisième partie, qui annonce un grand final en deux temps, comme pour Harry Potter.
Etait-ce pour ne pas épuiser trop vite un tel filon ? Je n’ose le penser. Nous verrons bien.
Je terminerai en m’attardant sur les noms des personnages. Je parlais, la dernière fois, de l’Empire romain, et il semble que beaucoup de personnages aient été inspirés par cette période antique. En effet, on trouve différents noms romains : Brutus, Cæsar, Cinna, Claudius…
A ce propos, Seneca Crane haut juge dans le premier épisode – est contraint de s’empoisonner. Et, ô surprise, Sénèque – philosophe et dramaturge – s’est suicidé sur ordre de Néron… Etonnant, non ?
De là à en conclure que Snow finira comme l’imperator (chef de guerre) du même nom (Coriolan), je ne m’y risquerai pas.
Son patronyme « Snow », d’ailleurs, pourrait nous faire penser à la blancheur immaculée de la neige, s’il n’était pas ce dictateur terrible, drapé dans des bonnes manières de façades. Un personnage réellement terrible. D’autant plus qu’il ne s’énerve jamais.
Dernière chose : Heavenbee (« abeille du paradis ») apparaît dans le ciel pour secourir notre héroïne (et les autres, bien sûr)…
A suivre, donc…