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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Politique, #Henri Verneuil
I comme Icare (Henri Verneuil, 1979)

22 mai 1977. Le président Jary (Gabriel Cattand) est acclamé par une foule en liesse à son passage en auto. Et quand il s’arrête pour saluer cette même foule, il est abattu. Par Karl Eric Daslow (Didier Sauvegrain), un tireur isolé. Enfin ça, c’est ce que conclut le rapport Heiniger (Michel Etcheverry) un an après. Mais au moment de le signer, le procureur Henri Volney (Yves Montand) remet en cause ces conclusions : il va devoir reprendre l’enquête à zéro afin d’essayer de trouver la vérité sur cet assassinat pas si simple que ça.

Seulement voilà : les témoins capitaux ont tous disparu, et de manière pas toujours très naturelle. Et Daslow lui-même a été exécuté juste après son geste qui n’en était pas même pas un : son fusil était vide.

 

Bien sûr, on ne pense qu’à l’assassinat de Kennedy, à travers celui de Jary, et à une des théories qui circule concernant l’implication de la Mafia, ainsi que du second tueur. Bref, Verneuil et Didier Decoin ont surfé sur la vague conspirationniste pour pondre un scénario béton, soutenu par l’interprétation impeccable d’un Yves Montand en pleine forme.

Et au final, c’est un film foisonnant qui nous est offert : foison de détails que le procureur va donc tenter d’expliquer ; foison de personnages plus ou moins importants qui vont donner du corps à cette minutieuse enquête.

Et ça marche !

 

Ce n’est pas la première fois que Verneuil fait un film politique. On se souvient de son formidable Président qui permit à Gabin un grand moment d’acteur, mais c’était là de la politique politicienne. Ici, c’est de la politique d’arrière-cuisine, celle qu’on évite d’exposer au grand jour, avec les inévitables Services Secrets dont les pratiques en eaux saumâtres (quand elles ne sont pas troubles) accentuent l’aspect conspirationniste ici développé. Et à leur tête, Verneuil a choisi Jacques Sereys (Mallory) qui s’adapte parfaitement à cette intrigue : il a un aspect très bien mis mais on sent poindre en lui une efficacité impitoyable, ne s’embarrassant ni de principe, ni de témoins. Un superbe méchant, quoi.

 

Mais au-delà de l’aspect un tantinet manichéen du film (le gentil procureur Volney contre les méchants Services Secrets), on savoure avec bonheur cette quête de la vérité d’un homme solitaire – malgré ses collaborateurs – qui va progressivement s’approcher de la vérité recherchée. On s’en amuse aussi parce qu’il y a une dimension sarcastique dans les propos du procureur quand il s’adresse à certains acteurs du drame : l’interrogatoire de Nicky Farnese (Henry Djanik) qui a « tout vu » est caractéristique de la méthode Volney. Et cette façon de faire le rend même encore plus humain à nos yeux, face à cet être protéiforme qui a mis en place une telle machination.

Volney est un personnage passionné. Passionné de vérité et tel un bouledogue il ne lâchera pas sa proie sans en avoir tiré tout ce qu’il peut. C’est le cas avec le témoin mystère (Jean Lescot), le seul qui a survécu à la vague de décès qui a touché ceux qui l’entouraient le jour fatidique… Ce dernier nous donne l’occasion d’une séquence à suspense intéressante, Verneuil jouant avec ses nerfs – et donc les nôtres – pas bien originale certes, mais bien menée.

Et d’une manière générale, Verneuil mène son film avec beaucoup de maîtrise, servi aussi par une belle distribution – on a plaisir à reconnaître quelques figures habituelles des seconds rôles de la période (Louis Navarre, Robert « Fouché » Party, etc.), et même, une jeune actrice qui dévoile une grande partie de ses charmes et qui prendra une direction un brin parallèle : Brigitte Lahaie (Ursula Hoffmann, témoin « suicidée »).

 

Bref, un film qui, s’il comporte tous les éléments de son époque (la technologie est la première des choses qui devient obsolète avec le temps qui passe), reste l’un des meilleurs de son réalisateur. Son sujet est malheureusement toujours d’actualité et encore plus à cette époque où l’information circule à grande vitesse : on apprend de temps en temps que certains organismes à vocation confidentielle ont aidé à mettre en place des opérations pas toujours nécessaires ni très orthodoxes, avec à l’arrivée des situations qui n’ont fait qu’envenimer celles déjà en place avant…

 

A (re)voir !

 

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