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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Drame, #Road Movie, #Denis Villeneuve
Incendies (Denis Villeneuve, 2010)

Au début, il y a Nawal (Lubna Azabal). Et puis Wahab (Hamed Najeb). Elle est enceinte. Il est tué. Elle accouche d’un fils.

Et puis il y a Jeanne (Mélissa Désormeaux-Poulin) et Simon (Maxim Gaudette), les autres enfants de Nawal.

Nawal vient de décéder et elle charge ses enfants de retrouver leur père – qu’ils croient mort à la guerre – et aussi leur frère, celui qu’elle a eu avant eux.

Alors Jeanne part au Moyen-Orient. Sur les traces de sa mère afin de retrouver ce frère qui semble tomber (tombé ?) du ciel.

 

Denis Villeneuve n’est pas ce qu’on appelle un réalisateur prolixe. Après (presque) dix ans sans un long métrage, il est entré dans une production un tantinet plus resserrée en 2009 et qui se poursuit depuis. Mais malgré tout, on attend toujours avec impatience sa nouvelle création (1). Quoi qu’il en soit, en attendant, il reste ses autres films qui permettent de patienter.

Et Incendies est une très belle occasion de (re)découvrir ce réalisateur de génie (j’ose !).

 

Il y a dans ce film un dimension road-movie qui se mélange avec un conflit qui ne dit pas son nom : à aucun moment nous n’apprenons le nom du pays où se déroule la majeure partie de l’action : seul le Canada (Québec, bien sûr, puisque le film est francophone en partie) est un lieu réel. Pour le reste, chacun peut imaginer ce qu’il veut : la Palestine (mentionnée sur une vitre) ou le Liban avec ses villes fantômes. Et puis comme la pièce dont s’inspire le film est de Wajdi Mouawad qui est lui-même libanais… Et que ce dernier s’est inspiré lui-même de l’histoire de Souha Bechara (voir ci-dessous) qui fut détenue dans une prison (dure) secrète du Liban… Le choix se restreint.

 

Nous allons donc suivre les différentes étapes de la vie de cette « Femme qui chante » dans un pays livré à la guerre civile (entre chrétiens et musulmans entre autres), reniée par sa famille (elle est enceinte alors qu’elle n’est pas mariée) et qui se retrouve en plein milieu d’un conflit qui non seulement va s’éterniser mais aussi lui causer des torts supplémentaires : seule et déracinée, il est toujours difficile de se faire une place dans une guerre où on ne considère aucun des belligérants comme légitimes.

Et ces étapes vont être doublées par ses deux enfants, à la recherche de leur famille, de leurs racines, de leur père, de leur frère.

Et bien entendu, comme dans tout bon road-movie qui se respecte, une fois le voyage (l’errance ?) terminée, les différents protagonistes seront métamorphosés, très différents de leur état initial.

 

Et les « incendies » du titre ? Il y en a un bien réel quand Nawal prend le car vers le sud, à la recherche de son enfant qu’elle a dû abandonner à la naissance avant de s’enfuir. Et cet incendie est terrible : il fait suite à une violence froide et déterminée de miliciens chrétiens envers des musulmans. Et Villeneuve ne fait pas dans le détail pour exposer cette violence : elle nous agresse de par sa soudaineté et sa brutalité. Mais il sait aussi exprimer la violence sans nous la montrer, nous laissant imaginer ce qui a bien pu se passer. Ce sont les ruines noircies par la suie dans la maison familiale rasée en représailles, mais c’est aussi Nawal allongée par terre après avoir été violée : dépenaillée, se tenant le bas-ventre et surtout se retenant de pleurer pour ne pas contenter son bourreau.

 

Mais alors pourquoi ce pluriel dans le titre ?

A vous de vous faire une idée.

La mienne est faite, et je ne veux surtout pas vous influencer…

 

  1. Il lui faudra trois ans avant de revenir sur les écrans pour son film suivant
Souha Bechara

Souha Bechara

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