Les Templiers sont de retour !
Enfin, surtout l’un d’entre eux : Thomas Marshal (James Purefoy – ça ne s’invente pas), un tantinet las de ces années passées sous la bannière d’Ordre.
Cet Ordre qui a combattu Jean Sans Terre (Paul Giamatti) en Angleterre, jusqu’à la signature de la Magna Carta (1215).Mais Jean est revenu sur sa signature et le baron William d’Aubigny (Brian Cox) lève une armée pour tenir une place stratégique en attendant l’arrivée des troupes du roi Louis.
Tout se joue dans le château de Rochester, possession du baron de Bornhill (Derek Jacobi) et sa charmante femme Isabelle (Kate Mara, la sœur de).
Marshal sur les injonctions de l’archevêque Langton (Charles Dance) a rejoint d’Aubigny.
Ce qui n’est pas sans laisser indifférente la belle Isabelle…
Donc, c’est au tour de Jonathan English de surfer sur la vague templière, qui déferle depuis le retour des Pauvres Chevaliers du Christ, grâce entre autres, au roman de Dan Brown, le Da Vinci Code.
Bien entendu, le titre français insiste beaucoup plus que l’original sur la participation de l’Ordre dans l’intrigue. « Ironclad » signifie – tout simplement – « cuirassé », en armure, quoi. Enfin surtout en cotte de maille. Et Thomas Marshal est un Templier exemplaire, dévoué totalement – fanatiquement ? – à l’Ordre.
Mais, heureusement, nous avons droit à une fin heureuse, un brin prévisible en ce qui le concerne. Il en va presque de même pour Jean qui ne survivra pas longtemps, terrassé par la dysenterie, comme on peut le lire dans les livres d’Histoire.
Pour le reste, nous sommes au cinéma, et l’Histoire pourra repasser : ce n’est pas ce qui nous intéresse le plus.
Par contre, le « sang des Templiers » dont il est question est une chose avérée dans l’intrigue (1) : les chevaliers dont il est question ici sont les compagnons de Marshal qui seront massacrés par les hommes de Jean (toujours lui !) pour lui permettre de s’enfuir.
Bien entendu, comme tous les Templiers, Thomas est partagé entre la religion et les armes, bien que ces dernières semblent – ou tout du moins nous sont présentées ainsi – avoir sa )préférence. Et, à l’instar de leur réputation, Marshal est un guerrier invincible, connaissant toutes les techniques permettant de se défaire de n’importe quel assaillant.
Et Jonathan English en plus de s’être adjugé les services de David Egby (le chef-op’ du Mad Max original !) pour le rendu esthétique de l’énergie viscérale qui anime tous ces guerriers, s’appuie sur les stéréotypes médiévaux, mis au goût de notre jour.
EN effet, le Moyen Age est considéré comme un âge sombre, alors il n’hésite pas à jouer sur l’absence de couleur, filmant dans un faux noir et blanc parfois émaillé de teintes colorées.
Bien sûr, la croix sur le tabard de Marshal est rouge –è condition sine qua non de l’appartenance à l’Ordre – mais c’est quasiment la seule véritable couleur qui perdure dans un tableau plutôt grisâtre.
Et cette absence de couleur est la marque de cette rébellion (qui a commencé avant le début de l’intrigue proprement dite), amenant malgré tout une distance par rapport à la violence des combats.
Et si le film se laisse regarder agréablement, c’est avant tout parce que English a respecté le précepte inamovible qui veut que le méchant – le roi Jean, donc – soit bien caractérisé ainsi. C’était plutôt facile, puisque depuis Allan Dwan et son Robin des Bois (1922), Jean a toujours le mauvais rôle. Difficile alors pour Paul Giamatti de passer après Sam DeGrasse (1922) ou Claude Rains (1938), Alan Rickman ou encore Jason Isaacs en 2010...
Rassurez-vous, il y arrive très bien, et nous propose un Jean tout aussi haïssable que les autres !
- Pour une fois (?), le titre n’est pas trop racoleur…