Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Science-Fiction, #Erle C. Kenton, #Charles Laughton
L'Ile du docteur Moreau (Island of the lost Souls - Erle C. Kenton, 1932)

Une petite île perdue au milieu de l'océan : 15 S - 170 W.

Ne cherchez pas, elle n'apparaît pas sur les cartes. C'est là que se retrouve, contre son gré Edward Parker (Richard Arlen).

Mais cette île, qui jouit d'une réputation sulfureuse sur toutes les mers des océans abrite surtout la propriété du docteur Moreau (Charles Laughton), scientifique britannique qui dût s'exiler précipitamment avec son partenaire, le « docteur » Montgomery (Arthur Hohl).

Ne vous y trompez pas : sous des dehors de gentleman très civilisé, il s'agit de ce qu'on appelle communément un « savant fou ».

Sa marotte ? La génétique. Son terrain d'expérimentation ? L'humanité. Non pas comme sujet d'étude mais comme but à atteindre. Régulièrement, on lui fournit des animaux venant des quatre coins du monde, et il les transforme en humains. Ou du moins en ce qui s'y apparente le plus...Et parmi ces créatures, son aboutissement, Lota (Kathleen Burke), la femme panthère.

Parker succombera-t-il à ses charmes ?

 

1932. En pleine effervescence de l'horreur au cinéma, la Paramount sort cette adaptation (certainement la meilleure) du roman éponyme de H. G. Wells. Wells, c'est du pain béni pour le cinéma : rappelez-vous L'Homme invisible sortira l'année suivante.

Mais depuis février et la sortie de Freaks, difficile d'aller plus loin. Et pourtant. Ici, Erle C. Kenton nous propose une galerie de monstres assez intéressante. Des personnages hirsutes, au visage extrêmement marqué, et doués de parole. Tous sont les créatures du docteur, menés par un personnage très velu, garant des règles de l'île (Bela Lugosi, méconnaissable, évidemment !).

Mais bien entendu, c'est le docteur Moreau le plus intéressant. Il est subtile et raffiné, mais il ne faut pas s'y tromper : c'est un méchant de la pire espèce. Sous des dehors scientifiques, il n'est rien d'autre qu'un criminel, allant encore plus loin que Frankenstein dans l'abomination. Parce que ses créatures se rendent bien compte qu'elles n'appartiennent qu'à peine à l'espèce animale. Ce ne sont des hybrides difficiles à classer. Des choses. Les choses du docteur Moreau. Ce sont les « âmes perdues » du titre original. En 1932, l'eugénisme est encore une théorie scientifique qui a pignon sur rue. Et que fait le docteur Moreau, sinon une forme d'eugénisme, dans sa quête de l'humain ?

Il ne s'en cache pas, ayant recours à la vivisection sur des organisme vivants et conscient dans ce qu'il appelle « la Maison de la douleur », son laboratoire.

Mais ce qui n'était qu'un film - un divertissement - devient réalité qu'on prend conscience de la véritable nature des expériences de Moreau : quand les nazis expérimenteront leur conception eugéniste de l'homme sur de véritables êtres humains, dans des camps bien à l'abri des regards des hommes.


En attendant, redécouvrons ce superbe film avec un Charles Laughton extraordinaire, dans la lignée de ses rôles de personnages antipathiques.

Antipathiques, certes, mais tellement subtiles !

Commenter cet article

Articles récents

Hébergé par Overblog