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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #DC Comics, #Drame, #Todd Phillips
Joker: Folie à deux (Todd Phillips, 2024)

Arthur Fleck (Joaquin Phoenix) est en prison depuis deux ans. Il est temps qu’il soit jugé.

Jugé pour cinq meurtres (dont deux avec préméditation), commis en novembre 1981.

L’opinion publique est partagée :

  • d’un côté c’est un criminel qui doit être puni (de mort), comme le pense le procureur Harvey Dent (Harry Lawty) ;
  • de l’autre c’est un schizophrène qui est dominé par son double sombre : le Joker ? C’est ce que veut montrer son avocate Maryanne Stewart (Catherine Keener).

Mais que pense donc Arthur Fleck, de ce procès, et surtout de ce qu’on pense de lui ? Est-il réellement ce malade ou joue-t-il la comédie ?

 

Il est clair que la fabuleuse performance d’Heath Ledger dans le film de Christopher Nolan (The dark Knight) a fait du tort (rétrospectivement) au deuxième opus de Todd Phillips. En effet, Ledger avait réussi à donner à son personnage une méchanceté exacerbée doublée d’une froideur adéquate : de l’essence de méchanceté.

Alors quand Joaquin Phoenix apparaît, amaigri et voûté, on ne retrouve aucune dose de la superbe attendue de ce personnage. Mais quand on voit le sort qui lui est réservé par les gardiens – dont l’ignoble Jackie Sullivan (Brendan Gleeson) – on en devrait pas être très étonné de le voir ainsi : la prison détruit les êtres. Et il ne reste plus grand chose de celui qui fit trembler Gotham City.

 

Mais surtout, le Joker n’est rien d’autre qu’un type minable qui a voulu attirer l’attention sur lui, avoir son quart d’heure de célébrité warholienne. Et ça a tellement bien marché que soin procès à venir est qualifié « du siècle » : un moment historique.

Un moment historique pour un homme qui n’est rien d’autre qu’un pauvre type. Mais malgré tout, pas n’importe quel pauvre type : il est bien clair qu’il n’est pas normal. Et son rire – inextinguible – en est une preuve absolue.

 

Et Todd Phillips ne perd jamais de vue l’aspect mineur de son personnage, tout en le filmant en ayant toujours en tête la chanson de Que le Spectacle commence (The band Wagon – Vincente Minelli, 1953) : That’s Entertainment. Nous en avons d’ailleurs droit à une diffusion télévisuelle dans ce film, dès le début, afin que le spectateur n’oublie jamais cet élément.

Dès lors, tout, pour Fleck, sera prétexte à un spectacle, jusqu’à son procès où, après un coup de théâtre, il va se défendre lui-même, maquillé comme il se doit. Ce procès devient alors un véritable spectacle, surtout qu’il est diffusé – là encore – en direct à la télévision : encore une fois, une tribune pour notre personnage.

 

Et cette référence est aussi reprise dans la forme du film qui devient donc une tragédie musicale, ou tout du moins un drame musical, avec les références obligées au genre hollywoodien. Après Jacques Audiard, c’est donc Todd Phillips  qui s’essaie au genre, et qui, à son tour s’en sort plus qu’honorablement. La musique habite le film autant que les deux personnages principaux, voire le gardien Sullivan : c’est lui qui favoriser la rencontre entre les deux principaux protagonistes en inscrivant Fleck à la chorale de l’établissement psychiatrique et pénitentiaire. Mais il nous y prépare avec la première séquence qui voit Fleck aller voir son avocate. Un plan en vue du dessus nous prévient : les parapluies (1) noirs des gardiens ont chacun pris une couleur pendant que Fleck se gorge de la pluie, seul élément extérieur qui lui est alors permis.

 

Et nous allons continuer à faire des aller-retour dans cette tête cassée (moralement), qu’il soit seul ou en couple, avec celle qu’il a rencontrée en allant chanter : (Har)Lee Quinzel (Lady Gaga). L’alchimie fonctionne (presque) tout de suite, et amène les seuls moments de joie du film : leur vie devient un véritable spectacle et Phillips accentue cet aspect jusqu’au bout.

L’arrivée de Fleck au procès est une véritable entrée en scène avec des projecteurs directement braqués sur lui. De la même façon, une émeute dans le réfectoire amène une procédure d’alarme où les gardiens, sans le vouloir, mettent plein feu sur les prisonniers, surtout que certains d’entre eux sont debout sur les tables, donnant la dimension show de cet incident violent.

Et la dernière rencontre entre Lee et Arthur est très certainement la plus belle et la plus spectaculaire, scellant définitivement le destin de ces deux personnages hors du commun.

 

Dès lors, la fin nous ramène au début : Arthur Fleck a toujours été un minable et le restera jusqu’au bout.

 

  1. Chantons sous la Pluie, encore et toujours !
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