Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #DC Comics, #Drame, #Todd Phillips
Joker (Todd Phillips, 2019)

On l’attendait, il est là !

Joker (Joaquin Phoenix), l’ennemi de Batman  (Bruce Wayne), est de retour sur les écrans !

Mais cette fois-ci sans Batman. En effet, l’intrigue se situe quelques temps avant la mort des parents de Bruce Wayne (Dante Pereira Olsen), alors Thomas (Brett Cullen) brigue le fauteuil de maire de Gotham City.

Nous allons donc voir comment Arthur Fleck (Phoenix, donc), qui vit avec sa mère, devient ce bandit hilare, pour qui le monde est une scène dont il est l’amuseur.

 

La gageure était de taille, et Todd Phillips s’en est sorti avec brio, soutenu par un Joaquin Phoenix extraordinaire.

Pourtant, nous avions tous en tête (sauf le professeur Allen John, mais je l’aime quand même) la performance de Heath Ledger (dont ce fut l’avant-dernier film, le dernier étant sorti après sa mort). Nous avions alors un truand des plus froids au visage caché par un maquillage qu’il ne quittait jamais.
Joaquin Phoenix réussit aussi à nous rendre cet homme sympathique, jusqu’à une demi-heure de la fin, quand le Joker se révèle tel qu’il va être dans les futures aventures de Batman.

Et comme on parle de Batman (qui n’apparaît à aucun moment, Bruce Wayne étant enfant), n’oublions pas que nous sommes ici chez DC Comics, concurrent direct et prestigieux de Marvel.

Et le film de Todd Phillips se place complètement à part des autres films de la franchise : à aucun moment n’intervient quelque super-héros aux pouvoirs et surtout actions très spectaculaire.

 

Et Joaquin Phoenix est pour beaucoup dans le succès du film. Il faut dire qu’il interprète avec beaucoup de talent ce personnage tout compte fait ordinaire avant de basculer du côté sombre. Il est ce qu’on peut appeler un pauvre type dont la vie est des plus ternes, voire malheureuse, coincé entre sa mère (Frances Conroy) et son métier de clown (1), ce dernier aspect expliquant son maquillage.

Phoenix amène même une empathie étonnante pour celui qui va devenir l’un des pires symboles du mal de Gotham City : son handicap (2) le plaçant régulièrement dans des situations difficiles qui se terminent bien souvent par une violence subie (passage à tabac) qui accentue son désespoir.

Et pas besoin d’être psychanalyste pour comprendre comment cet homme est devenu ce Joker.

 

L’autre élément qui tranche par rapport aux différentes versions antérieur montrant le Joker, c’est le traitement de la famille Wayne, et surtout du père : cet homme est un personnage très loin de ce qu’on a pu voir auparavant. Il est toujours aussi riche et souhaite le bien des habitants de Gotham City, mais son mode de pensée n’est pas aussi philanthropique qu’on eût pu le penser.

Le mépris qu’il porte au « petit peuple » n’a d’égale que l’immensité de sa fortune. Et le chaos que va mettre en place le Joker n’est pas sans rappeler les manifestations anti-gouvernementales qu’on peut voir aux informations télévisées : le masque de clown (plus ou moins inspiré du maquillage de Fleck, a remplacé celui de Guy Fawkes chez les Anonymous.

 

De plus, auprès de ces révoltés, Joker y tient un rôle qui n’est pas sans dimension messianique.

En effet, alors qu’il a été » arrêté pour meurtre (3), il est convoyé par la police mais la voiture est percutée par un van : ayant reconnu son « héros » quelques personnes vont le sortir du véhicule avec beaucoup d’attention et le déposer sur le capot, les bras en croix. Cette attention particulière pour Joker n’est pas sans rappeler la descente de croix, accentuée par la position de ses bras sur la voiture. Il est d’ailleurs porté en triomphe, devenant le symbole de la lutte contre les riches.

Bien sûr, cette adoration n’est pas raisonnable, mais une foule en colère est parfois peu raisonnable !

 

Dernière chose enfin, la narration. Todd Phillips, se basant sur le scénario qu’il a élaboré avec Scott Silver, prend quasiment pendant tout le film le point de vue de Joker, amenant parfois des ruptures surprenantes et surtout décrit avec beaucoup de réalisme le cheminement erratique de la pensée de cet antihéros. Et à de nombreux moments son esprit s’embrumant, nous n’entendons plus ce qui se dit autour de lui, son émotion prenant le pas sur sa raison : tout se tait alentour, et il reste isolé par le silence qui envahit tout.

Cet état d’esprit amenant irrémédiablement la mutation qui fera de lui un psychopathe dangereux. Pour preuve, les deux meurtres dans la dernière demi-heure du film sont d’une violence terrible, renforcée par une soudaineté surprenante, même si on s’attend à un moment ou à un autre ce passage à l’acte.

 

Bref, un film formidable, soutenu par un Joaquin Phoenix au meilleur de sa forme.

 

  1. Clown on ne peut plus triste qui égaie les enfants malades à l’hôpital, ou fait la promotion d’un magasin en faillite qui se débarrasse de ses marchandises.
  2. Il ne peut s’empêcher de rire quand il éprouve une grande émotion, surtout quand elle est à son désavantage.
  3. De sang-froid, renvoyant à l’image implacable de The dark Knight.
Commenter cet article

Articles récents

Hébergé par Overblog