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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Muet, #Drame, #D.W. Griffith, #Lillian Gish
Judith de Béthulie (Judith of Bethulia - D.W. Griffith, 1914)

Dernière marche avant de passer au très long métrage, voici Judith de Béthulie, drame biblique de David Wark Griffith, racontant les relations entre Judith (Blanche Sweet) et Holopherne (Henry B. Walthall) jusqu’au meurtre du deuxième par la première.

 

Béthulie est une bourgade de Jérusalem que les armées d’Holopherne – envoyé par Nabuchodonosor (1) – vont assiéger en vue de la piller.

Mais Judith une femme pieuse et révérée à Béthulie va se proposer pour sauver la ville. Non seulement elle va charmer le prince, mais en plus elle va l’enivrer, le rendant inoffensif avant de l’exécuter.

Les Assyriens, sans chef, seront alors vaincus – facilement – par les Hébreux qui rendront grâce à Judith.

 

Quand Judith sort en mars 1914, Griffith n’a pas encore vu Cabiria qui sera projeté deux mois plus tard. Mais on sent tout de même chez lui le besoin de passer à un format plus long, afin de raconter des histoires pus étoffées, de faire vibrer les spectateurs plus longtemps.

Judith, c’est aussi un pari engagé par Griffith avec ses producteurs de la Biograph qui refusaient de sortir du format 2 bobines. Bien sûr, non seulement Griffith va gagner son pari, mais en plus il va quitter la Biograph pour se mettre à son compte et réaliser plus librement. Bref, le studio sera perdant sur tous les tableaux et ne s’en remettra pas.

 

Mais si le format est plus long (72 minutes), la structure reste tout de même assez similaire aux précédentes réalisations du maître. Et surtout, thème biblique ou pas, nous avons droit à un sauvetage de dernière minute, véritable marque de fabrique du réalisateur.

Mais si Griffith va l’emporter avec ce film, il va tout de même perdre une de ses actrices emblématiques de cette période : Blanche Sweet qui s’en va tourner avec DeMille chez Jesse L. Lasky (Paramount). Qu’importe, la relève est assurée par une actrice qui tient ici un petit rôle – une mère qui exhibe son enfant – dans la ville de Béthulie : Lillian Gish.

D’ailleurs, les acteurs principaux de The Birth of a Nation sont déjà là : outre Lillian Gish et Henry B. Walthall, on trouve Mae Marsh (Naomi) et Robert « Bobby » Harron (Nathan, l’amoureux de Naomi).

Bref, tout est en place du grand spectacle, et nous ne sommes pas déçus.

 

Les deux séquences de bataille (la première surtout) sont spectaculaires et montrent bien que Griffith sait diriger les foules, sans arriver toutefois au gigantisme de ses deux immenses films à venir (2). Et le plus impressionnant, c’est le résultat de cet assaut qu’on peut voir quand Judith cherche la force de tuer Holopherne. Encore une fois, la caméra de Billy Bitzer fait des merveilles et les différentes compositions qui nous sont présentées remplissent complètement leur rôle : la mort est partout, que ce soient les soldats sur le champ de bataille, tués autour du puits ou le vieillard qui agonise en donnant sa ration d’eau à Nathan.

Il y a chez Bitzer une propension à trouver le cadrage juste qui se vérifie à chaque fois, donnant une force supplémentaire aux intrigues édifiantes des films de Griffith.

 

Et puis il y  Blanche Sweet qui fait – malgré elle – ses adieux à son mentor (3) en composant une superbe Judith, un tantinet grandiloquente, mais étant chez le maître, rien d’étonnant à cela.

La carrière de Griffith est à un tournant : les (très) longs-métrages vont s’imposer à lui et aux spectateurs qui demandent toujours plus de cinéma. Et si The Birth of a Nation a des côtés insupportables, il n’en va pas de même du suivant, Intolerance, qui consacrera l’art du réalisateur, sans en avoir toutefois le même succès auprès du public.

 

  1. Le célèbre « Nabucco » de Verdi.
  2. The Birth et Intolerance.
  3. Il fut celui de toutes ces actrices qu’on rencontre ici et là à cette période, sauf Mary Pickford, bien sûr.
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