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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Drame, #Justice, #Clint Eastwood
Le Juré n° 2 (Juror #2 - Clint Eastwood, 2024)

Justin Kemp (Nicholas Hoult) est un homme heureux : il est marié à la belle Allison « Ally » Crewson (Zoe Deutch), et ils attendent un heureux événement. Seule (toute) petite ombre au tableau : Justin doit se présenter au tribunal pour participer à un jury, s'il est retenu. La procureure Faith Killebrew (Toni Collette) et l'avocat de la défense Eric Resnick (Chris Messina) le choisissent.

Mais c'est un procès presque pour la forme : un jeune homme, James Michael Sythe (Gabriel Basso) a « sauvagement » tué sa petite amie Kendall « Kenny »  Carter (Francesca Eastwood, la fille de) et l'a versé dans le lit d'un ruisseau après s'être rouspété un peu plus tôt.

Quand le procès commence et que les magistrats exposent les circonstances de la mort de la jeune femme, Justin sent monter en lui un malaise : ce jour-là, il a heurté ce qu'il croyait être un cerf. Sauf que ce n'était pas un cerf.

C'était bien Kendall Carter, la jeune femme dont il est question...

 

Deux films nous viennent en tête quand on visionne ce dernier opus eastwoodien :

- Le septième Juré (Georges Lautner, 1962), tout d'abord : tout comme Grégoire Duval (Bernard Blier), Justin Kemp est sûr de l'innocence de Sythe. Et pour cause ! Mais alors que Duval avait tué la jeune femme pour la faire taire, il s'agit ici d'un accident. Par contre, aux Etats-Unis, le jury n'a pas droit à la parole.

- 12 Hommes en colère (Sidney Lumet, 1957), ensuite, quand le jury se réunit : à l'instar du personnage interprété par Henry Fonda (juré n° 8), le personnage de Nicholas Hoult (juré n° 2) demande qu'on prenne le temps de discuter du cas de cet homme. A nouveau, il va retourner d'autres membres du jury.

Malgré tout, malgré quelques « emprunts  plus ou moins conscients (1), Clint Eastwood se démarque très rapidement des deux autres films pour donner une autre dimension : le dilemme d'un homme qui sait qu'il a tué un être humain et qui ne dit (2) rien. Et cette « tempête dans un crâne » donne tout son intérêt au film, amenant une situation inextricable pour Justin.

 

Mais, me direz-vous, pourquoi ne se dénonce-t-il pas ? Parce qu'il est piégé. Il aurait fallu l'annoncer tout de suite, mais comme il pensait sincèrement qu'il avait heurté un animal, il est rentré chez lui, a fait réparer sa voiture et est passé à autre chose. Alors pourquoi quand il a compris l'enjeu du procès n'a-t-il là encore rien dit ? Il a autrefois souffert d'alcoolisme et participe toujours à un groupe de parole dirigé par Larry (Kiefer Sutherland, qui réalise là un de ses rêves : tourner avec Eastwood). Et le jour de l'accident, il revenait d'un bar : on conclura (trop) facilement qu'il était épris de boisson et s'est enfui à cause de cla, ce qui est une circonstance on ne peut plus aggravante.

 

Et Clint Eastwood prend son temps pour nous raconter cette histoire bien singulière.

Il en profite – à son tour – pour nous présenter le système judiciaire américain, vu cette fois-ci à travers l’œil d’un juré, en l’occurrence le n° 2. C’est très souvent à l’aide d’une caméra subjective qu’il montre le rôle des différents avocats (accusation & attaque), que ce soit lors de la désignation ou pendant le procès en lui-même. Et à la différence des films judiciaires habituels, il ne cesse d’utiliser un chassé-croisé entre les deux avocats : si Resnick avance un élément pour disculper son client, Killebrew en avance un identique pour l’enfoncer ; quand Killebrew plaide et argumente la culpabilité de Sythe, Resnickva donner une autre signification à ce qu’elle a voulu dire. Tout comme pour la désignation des témoins, c’est un jeu de ping-pong entre ces deux ténors du barreau.

Et comme au ping-pong, quelqu’un gagnera et quelqu’un perdra.

 

Si le film est avant tout le procès de John  Sythe, pour le spectateur que nous sommes, c’est aussi le procès du véritable coupable (accidentel). En effet, pendant que tous les membres du jury écoutent (religieusement ?) les débats, nous suivons celui qui se passe dans la tête de Justin : dans quelle(s) circonstance(s) véritable(s) s’est passé l’accident.

Et bien sûr, ces circonstances sont atténuantes – pour nous – mais comme expliqué plus tôt, il n’est lui pas possible d’en parler sans être sûr de se retrouver à la place de Sythe, voire à l’ombre pour un temps indéfini.

 

Alors, et puisque nous sommes dans un film américain, difficile d’exprimer une quelconque rédemption. Justin doit expier sa faute et il le sait très bien. Mais au vu des circonstances de ce procès et de sa révélation, il va être difficile d’y parvenir intact.

Alors, aura-t-il son expiation ? Oui.

Va-t-il se dénoncer ? Va-t-il sauver la tête de Sythe ? Autre chose ?

Je vous laisse découvrir…

 

(1)   La place qu'occupe Justin est la même que celle du n° 8 (Lumet) ; le jury qui se rend sur place pour voir le lieu du crime (Lautner), etc.

(2)   Le verbe dire a la même forme au présent et au passé simple de l'indicatif...

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