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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Comédie, #Billy Wilder
Embrasse-moi, Idiot (Kiss me, Stupid - Billy Wilder, 1964)

C’est la fin de la saison à Vegas pour Dino (Dean Martin), crooner à succès. En route pour Hollywood, il doit effectuer un crochet par Climax (hum…).

Et à Climax, vivent Orville J. Spooner (Ray Walston) et Barney Millsap (Cliff Osmond) qui écrivent des chansons qui n’ont malheureusement pas de succès.

Le duo saute sur l’occasion pour essayer de vendre une de leurs chansons au crooner.

 

Voilà. Ca, c’est la trame principale. Et comme très souvent chez Billy Wilder, c’est comment y arriver qui va nous intéresser le plus. Surtout que comme l’indique le début du film, on y trouve la belle (et sulfureuse) Kim Novak (Polly the Pistol). Et croyez-moi, elle joue un rôle important dans cette histoire un tantinet de boulevard, à la morale plus que douteuse.

Enfin, pas exactement de boulevard, puisqu’on n’a pas le trio habituel mais quatuor fort hétéroclite : une femme – Zelda Spooner (Felicia Farr) et son mari, un crooner obsédé et porté sur l’alcool, et enfin une jeune femme dite « facile » et qui, même si elle est interprétée par Kim Novak, ne l’est pas tant que ça.


Alors on s’amuse de cette histoire compliquée où seuls les hommes sont eux-mêmes, avec leurs défauts inévitables, et où les femmes, bien que prétendant être ce qu’elles ne sont pas, sont tout de même les plus fortes et très certainement elles qui font que Dino, au bout du compte, sera bien obligé de repartir avec une chanson du duo de chansonniers improbables.

Mais cet échange – volontaire pour l’une (la blonde) inopinée pour l’autre (la brune) – ne sera pas du goût de certaines ligues bien-pensantes : il faut dire que sans toutefois le dire explicitement (comme dans Irma la Douce), Polly the Pistol est un peu plus qu’une serveuse de bar (1) : c’est avec la promesse de 25 dollars qu’elle accepte de se faire passer pour Zelda Spooner.

 

Et je rejoins mon ami le professeur Allen John : le rôle que chaque femme va jouer dans cet imbroglio plus ou moins sentimental a des connotations tragiques. Tout d’abord parce qu’elles doivent paraître ce qu’elles ne sont pas, mais aussi par ce qu’elles sont d’une certaine façon devenue. Et si Zelda n’est pas si malheureuse d’avoir réalisé un rêve d’adolescente, il n’en est pas de même pour Polly. Pendant une soirée et surtout une nuit, elle fut une femme respectable, découvrant alors ce que tout le monde savait : Spooner, malgré ses pullovers Beethoven, Bach et autre Tchaïkovski, est tout de même un homme formidable, mais rongé par la jalousie. Cette jalousie qu’il ne peut s’empêcher d’entretenir comme une maîtresse qu’on visite régulièrement et qui devient au bout du compte un des éléments essentiels (routiniers ?) de son mode de vie.

 

Bien sûr, Wilder s’amuse avec cette intrigue qu’il a coécrite avec I.A.L. Diamond, truffant les différentes séquences d’objets et de mots qu’on va retrouver plus tard (le demi pamplemousse et bien sûr le papier dans le goulot de la bouteille), amenant alors ce qu’outre Atlantique (et outre Manche) on appelle un comic relief (2) bienvenu qui empêche le film de sombrer dans la tragédie plus ou moins scabreuse.

Et en prime, on a droit à un petit intermède plus ou moins gratuit qui voit Zelda retourner chez ses parents : plus, parce qu’on pouvait s’en passer ; moins parce qu’on y retrouve un rappel d’une autre discussion antérieure entre Zelda et Orville (non mais quel prénom !).

 

  1. A ce propos, le brillant dans le nombril est une pique envoyée au moribond coder Hays qui interdisait de montrer l’ombilic d’une femme : et (heureusement ?) quatre ans plus tard, 1968 va définitivement sonner le glas de ce code qui, à l’instar de la prostitution au cinéma dans le même temps, n’est jamais désigné ouvertement comme un organisme de censure. En effet, les réalisateurs, (avec les « recommandations » des studios qui les embauchaient) procédaient eux-mêmes à une édulcoration de leurs films. Et certains avec une ironie voire des sous-entendus assez magnifiques.
  2. Terme difficile à traduire dont « soulagement comique » n’est peut-être pas assez clair ni précis (je vieillis, et mon anglais se rouille…) : qu’en pensez-vous, cher professeur Allen John ?

 

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