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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Drame, #Gilles Lellouche
L'Amour ouf (Gilles Lellouche, 2024)

Un soir (une nuit ?) de 1999 (2000 ? Après ?), une bande de jeunes part en virée en Mercedes. Chacun a son arme. C’est du sérieux. Les voitures sortent de la ville. Le téléphone sonne.

C’est le point de basculement du film.

Déjà ? Oui.

 

« L’amour ouf » du film, c’est celui de Jacqueline « Jackie » (Mallory Wanecque puis Adèle Exarchopoulos) et Clotaire (Malik Frikah puis François « D’Artagnan » Civil). Deux ados que rien ne réunissait : si Jackie a été virée d’un bahut catho pour insolence, elle n’en est pas moins très scolaire ; Clotaire, lui, à l’instar de celui du Petit Nicolas, est un mauvais élève et s’est déscolarisé pour ne pas aller en CPPN (1).

Mais ça passe. Ils sont attirés l’un vers l’autre. Et Jacqueline est moins scolaire, Clotaire plus civilisé. Ils sont amoureux. Mais Clotaire tombe irrémédiablement dans la délinquance, avec la case prison inévitable. Jackie n’étudie plus.

10 ans passent et ces dix années ont été perdues pour tous les deux.

Vont-ils se retrouver et s’aimer ?

 

Je ne répondrai pas à la question (directement), mais si vous voulez une réponse immédiate, allez sur wikipédia, il y a toute l’intrigue. Et ça va être difficile de ne pas en dévoiler quelques pans… Voilà, vous êtes prévenu(e)s.

 

Lellouche (Gilles, pas Pierre, heureusement) nous revient derrière la caméra, avec à nouveau une histoire un tantinet intimiste, mais bien loin de sa comédie précédente. On y retrouve tout de même quelques similitudes, avec la relation entre un père (Alain Chabat, formidable) et sa fille, et surtout la place prépondérante de la musique dans l’intrigue, devenant presque un personnage à part entière. Et tout y passe, des années 1970 (Deep Purple) aux années 1990 (Daft Punk), avec bien entendu Forest de Cure qui reste « leur chanson », comme disent les Anglo-saxons.

 

Mais surtout Gilles Lellouche surprend. Après la comédie douce-amère du Grand Bain, il s’agit cette fois-ci d’une tragédie annoncée puisque dès les cinq premières minutes, le personnage principal meurt. Violemment. Et le point de rupture annoncé ci-dessus amène un traitement de l’image un tantinet déstabilisant. En effet, le flashback qui suit commence par un plan qu’on pourrait juger anormal : ce n’est pas un cadrage classique puisque c’est un Clotaire de huit ans (Louis Raison) qui embête son grand frère (Lenny Castelein) vu à l’envers. Et le fait de tourner (retourner) l’image va se répéter plusieurs fois, comme s’il voulait bien nous signifier que ce qu’il se passe n’est pas normal. En effet, n’oublions pas que Clotaire est mort ou sur le point de l’être.

 

Pourquoi sur le point ? Parce que, et c’est le Lionel vieux (Jean-Pascal Zadi) qui l’exprime le mieux, en mourant, Clotaire voit défiler sa vie. Sa vie de délinquance de plus en plus marquée jusqu’au coup de téléphone fatidique susmentionné. A partir de ce moment – revu, donc – le fil de l’histoire se rompt et nous entrons dans une intrigue parallèle (2) qui voit ce qui ressemble à une fin heureuse. Mais, parce qu’il y a toujours un mais, le générique de fin contredit cette fausse fin : sur fond noir (de mort) se déroule la liste attendue écrite en rouge (sang). Il n’y a plus de doute possible : cet amour est irréversiblement mort avec Clotaire, dans ce qui ressemble à un entrepôt, d’une balle dans la tête. Inévitablement.

Et c’est peut-être parce que Lellouche est un spécialiste de la comédie qu’il voudrait nous faire croire à cette fausse fin…

 

Si François Civil et Adèle Exarchopoulos sont très bons tous les deux, ce sont, pour ma part, les deux ados que j’ai le plus appréciés. Ils interprètent avec beaucoup de justesse ces premières amours adolescentes complètement « ouf » (oufs ?). Et leur réapparition dans le cadre de la seconde éclipse de soleil (11 août 1999 ?) renforce ces amours perdues.

 

PS : j’aime beaucoup le traitement qui est fait de la mère de Jackie (Mélissandre Fortumeau). On ne la voit que très peu et pendant une brève séquence, celle de sa mort. Tout d’abord elle a la tête coupée (par le cadrage !), puis son visage se devine à travers la vitre de la voiture ainsi qu’à travers le pare-brise, flouté. Comme pour montrer que tout ça s’est passé il y a longtemps et que Jackie commence à oublier son visage avec le temps qui passe.

Habile.

 

PPS : Avez-vous remarqué le clin d’œil à West Side Story ? Et celui à Audiard (Faut pas prendre les Enfants du bon Dieu pour des canards sauvages) ?

 

  1. Classe Pré-Professionnelle de Niveau : on dirait (peut-être) SEGPA aujourd’hui. Tu peux me confirmer ça, Sophie ?
  2. Rappelez-vous ce qu’explique Doc à Marty dans Retour vers le Futur II : à partir du moment où un événement du passé est modifié, nous sommes sur une nouvelle ligne de vie, parallèle à la première.
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