Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Chronique, #Jean-Paul Le Chanois
L'Ecole buissonnière (Jean-Paul Le Chanois, 1949)

1920

Après quatre ans de conflit, une blessure et un an dans divers hôpitaux, monsieur Pascal (Bernard Blier), instituteur « normalien » fait sa toute première rentrée dans un petit village de Provence : Salèzes.

C’est un drôle de personnage, que ce nouveau maître : pensez donc, il ne porte même pas de chapeau. Et en plus, il encourage ses élèves à aller étudier en dehors de la classe sous le prétexte (fallacieux, il va sans dire) de réaliser des enquêtes.

Mais les bons notables du pays ne sont pas dupes : il les encourage à aller à l’école buissonnière*…

 

Le film commence comme une pagnolade. On retrouve cette Provence chère à l’écrivain d’Aubagne, où le temps s’écoule doucement, comme le rythme de travail de certains autochtones. On retrouve même deux acteurs de ses films : Edouard Delmont et Marcel Maupi. Mais il ne faut pas s'y tromper.

Cette histoire est inspirée de celle de Célestin Freinet, cité dans le générique, pour qui l’enseignement ne se fait pas toujours – ni obligatoirement – dans la classe.

 

On y retrouve donc les deux piliers de cette nouvelle pédagogie (en 1920) à travers la coopération (mentionnée aussi en clin d’œil dans le générique) et l’imprimerie. Mais surtout, on y trouve des enfants, pas obligatoirement mauvais, mais las des techniques – un tantinet – archaïques de l’ancien maître, monsieur Arnaud (Delmont).

 

Près de soixante-dix ans après la sortie du film, on ne peut que noter le côté visionnaire de cette méthode qui y est dévoilée. Même s’il dut quitter de l’Education nationale, ses idées y ont tout de même fait leur chemin fait leur chemin dans les écoles publiques, étant toujours d’actualité aujourd’hui.

 

Mais nous sommes au cinéma. Et Jean-Paul le Chanois nous expose cette « Ecole Moderne », où les enfants sont acteurs de leurs apprentissages. Et Bernard Blier est un instituteur très crédible, en proie à l’hostilité réactionnaire portée par le maire, dont l’autorité semble menacée par une future armée de gens sages, et un antiquaire qui a des idées qui ont le même âge que sa marchandise. En proie aussi à ses doutes quand il découvre cette école aussi vieille que l’enseignement qui y est dispensée, et surtout aussi délabrée. [Et le vieil Arnaud en est une personnification vivante, l’odeur en moins.]

 

Et le film s’inscrit dans ceux de l’après-guerre, où on voulait un autre avenir pour les enfants que ces années terribles, voyant en eux la société de demain. Sur certains points, on pense à La Cage aux rossignols (1945), mais si Dréville suscite l’émotion par la musique et le chant, ici, Le Chanois fait appel à la raison pour obtenir le même résultat. On est ému par le jeune Albert (Pierre Coste), archétype du mauvais élève qui passe – encore une fois – le sacro-saint Certificat d’Etudes, et déclame la Déclaration des Droits de l’Homme. Il y a une tension et une émotion palpable à ce moment-là, de la même force que la Marseillaise dans Casablanca.

 

Enfin, il est dommage que la femme de Freinet, Elise, n’ait pas été une seule fois créditée au générique, alors que c’est elle qui a écrit le synopsis original, inspiré des débuts de son mari (et d’elle-même, par la même occasion…).

 

 

 

* D’où le titre.

Commenter cet article

Articles récents

Hébergé par Overblog