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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Drame, #Bertrand Tavernier
L'Horloger de Saint-Paul (Bertrand Tavernier, 1974)

[Une fois n’est pas coutume, de véritables morceaux de la résolution de l’intrigue se sont glissés dans ce qui suit. Lisez à vos risques et périls...]

 

L’horloger, c’est Michel Descombes (Philippe Noiret. Et Saint-Paul, c’est un quartier de Lyon où il habite.

Nous sommes au début des années 1970, quand on ne mettait pas sa ceinture de sécurité en voiture, quand on faisait du Solex sans casque, quand la mortalité journalière était annoncée à la radio, quand les gauchistes étaient (déjà) mal considérés… Bref, nous sommes en fin de période Pompidou et il va falloir attendre encore un peu avant que les choses évoluent sérieusement…

Descombes est un artisan tranquille, séparé de sa femme puis veuf de fait, il s’est occupé seul d’élever son fils, Bernard (Sylvain Rougerie). Alors quand la police vient le chercher à son échoppe pour lui parler de ce cher fils, il tombe des nuies : Bernard a tué un homme, Razon, parce qu’il était « une ordure ».

Une fois la surprise passée, Descombes se rend compte que ce fils qu’il a élevé, tout compte fait, il ne le connaît pas.

 

A l’instar de Jacques Demy, Bertrand Tavernier, pour son premier long-métrage filme la ville qu’il connaît le mieux : Demy était à Nantes, Tavernier installe ses caméras et son équipe à Lyon. Et cette ville est très présente dans le film, parce que la plupart des séquences y sont tournées en extérieur, et on peut véritablement l’admirer. Tavernier aime sa ville et nous la partage, utilisant le vieux Lyon pour donner un cadre magnifique à cette histoire d’une relation – ou non-relation – entre un fils et son père. Non-relation parce que comme le dit Descombes à Madeleine (Andrée Tainsy), celle qui fut la nourrice de son fils : « Au fond tu le connais mieux que moi. »

 

Et cette ville devient le cadre d’une errance, celle de cet horloger qui découvre son fils sous un autre jour, celui d’un jeune homme révolté qui a tué par amour, parce qu’il ne peut pas en être autrement. Mais ce n’est pas une errance solitaire. Régulièrement, il est accompagné par un « flic », commissaire de surcroît, Guiboud (Jean Rochefort). Ensemble, ils vont arpenter quelques rues lyonnaises, essayant de comprendre – chacun de son côté et à sa façon – ce jeune homme : Descombes parce que c’est son fils ; Guiboud parce que cela aurait pu être le sien.

La relation des deux hommes est assez étonnante, basée sur un fondement douteux, mais elle n’empêche pas une forme de respect. Mais on ne peut que se demander ce qui est vrai dans ce que dit Guiboud tant son contexte est flou (épisode du chien). Et à l’instar de Goitreau (Michel Bouquet) dans Deux Hommes dans la ville sorti l’année précédente, Guiboud suit de près le père de son meurtrier : mais sans qu’on en arrive à du harcèlement. Guiboud reste toujours dans la mesure, appréciant – semble-t-il – cet homme désemparé.

 

Bien sûr, il y a la rencontre entre le père et le fils.

Elle n’a lieu que dans la dernière demi-heure, et reste très superficielle : ce fils (indigne ?) ne veut pas voir son père. Pourtant, il le verra, et même lui parlera. Vraiment. [Et là, révèle un peu (trop ?) la résolution de l’intrigue. C’est seulement quand son fils a été condamné et emprisonné que le dialogue s’instaure. Et de quelle façon !

C’est au parloir, qui n’a jamais aussi bien porté son nom ! Ils sont entourés des autres détenus et de leurs relations, essayant de s’entendre parmi un brouhaha ambiant, ils vont commencer à tisser une véritable relation père-fils.

Et cette relation naissante est la goutte d’espoir sur laquelle se termine le film, quittant la prison Saint-Joseph, pour la gare, le 15 août.

Bertrand Tavernier, avec ce film s’impose déjà (il a vingt-sept ans quand le film sort) comme un grand cinéaste, maîtrisant parfaitement la technique et surtout la direction d’acteurs, soutenu alors par deux grands interprètes en haut de l’affiche, et aussi par une kyrielle de seconds rôles plus ou moins connu, sans oublier les anonymes de la ville qui donne au film un cachet authentique, à une histoire qui se passe, à l’origine, aux Etats-Unis (1).

 

Un régal à chaque visionnage.

 

  1. L’Horloger d’Everton (Georges Simenon, 1954)
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