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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Julien Duvivier, #Jean Gabin, #Guerre, #Drame
La Bandera (Julien Duvivier, 1935)

Rue Saint Vincent, Paris XVIIIème.

A un jet de pierre du Sacré Cœur, un couple ivre titube dans la rue.

Un homme sort d'une maison, en catimini.

La femme lui tombe dans les bras, sous un réverbère.

Il se dégage et s'en va.

La femme s'essuie le ventre : l'empreinte d'une main ressort sur son haut clair.

Cette empreinte, c'est du sang.

L'homme qui s'enfuit, c'est Gilieth (Jean Gabin).

La Bandera, c'est un bataillon de légionnaires espagnol. Les légionnaires viennent de partout. Ils ont chacun leur secret, et mourront avec. Gilieth, lui, fuit la police depuis cette nuit, rue Saint Vincent. Car, après une cavale désastreuse, et pour pouvoir manger, Gilieth s'est engagé dans la Légion, en même temps que Mulot (Aimos) et Lucas( Robert Le Vigan). Et si avec Mulot, c'est la grande amitié, avec Lucas, il en va autrement. Normal, Lucas est un policier, à la poursuite du meurtrier... De la rue Saint Vincent.

 

Voici - à mon avis - le film qui a vraiment lancé Gabin. Celui de la naissance du mythe, comme on dit. Nous sommes dans un film de Julien Duvivier, alors évidemment, ça doit mal se terminer. Mais qu'importe. Gabin est là, avec sa belle gueule, ses yeux bleus et sa prestance. Il est un légionnaire qui cherche l'apaisement, mais est poursuivi (sinon harcelé, comme on dit de nos jours) par un autre légionnaire, Lucas campé par un Le Vigan magnifique qui nous propose un beau salaud comme il savait si bien les faire. Le troisième larron, pendant de Lucas, c'est l'inénarrable Mulot, que personnifie Aimos, titi parisien jusqu'au bout des ongles. Mulot est l'anti-Lucas : il est franc et amical, sans arrière pensée, ne s'occupant pas des affaires des autres. Par contre, nous ne savons pas pourquoi il est là, si ce n'est pour manger, comme Gilieth. Veut-il échapper à autre chose que la faim ? Imaginons que non, cela nous laissera une idée (encore) meilleure de ce sympathique compagnon.

Mais la Légion, c'est un univers masculin rude, où même le commandant (Pierre Renoir) n'est pas un enfant de cœur : au front, une large balafre qui descend sur un monocle noir, souvenir probable d'une campagne sanglante, ainsi qu'un bras dans une gaine de cuir, autre souvenir douloureux. Il est rude, c'est un chef terrible, mais quand il annonce qu'il commandera un détachement qui partira vers la mort, tout le monde se porte volontaire !

Tous les membres de ce bataillon sont des hommes, des vrais. Avec leurs (mauvais) caractères et leurs habitudes : les joueurs de carte effrénés, le râleur forcené (Gaston Modot), etc.

Et puis il y a les femmes : la fille de Barcelone qui offre à manger à Gilieth (Viviane Romance), Planche-à-pain (Margo Lion) - nommée ainsi pour son absence de formes - et la (très) belle Aïsha (Annabella). C'est d'elle que vient le répit optimiste qu'on trouve toujours chez Duvivier avant la fin triste. C'est elle qui relance Gilieth vers une vie heureuse, et il y croit dur comme fer, jusqu'au bout, jusqu'à la dernière rafale.

Et la fin triste ne nous surprend malheureusement pas, avec en prime une circonstance aggravante : Lucas survit !

L'année suivante, Duvivier gardera une partie de ceux qui ont joué ici dans son prochain film : La belle Equipe.

 

L'année suivante (encore !), Marie Dubos chante Mon Légionnaire, sur une musique de Marguerite Monnot et des paroles de Raymond Asso.

Coïncidence ?

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