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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Comédie dramatique, #René Clair, #Gérard Philipe
La Beauté du diable (René Clair, 1950)

René Clair est un vrai magicien. En plus de nous offrir  de beaux films, il change de changer les tragédies en comédies !

Prenons la légende de Faust : ce vieil homme qui vend son âme au diable pour goûter à la jeunesse. A la fin, il est irrémédiablement damné, un pacte étant un pacte.

 

Or ici, pas du tout. Faust (Gérard Philipe) s’en tire. Il s’en va vivre un grand amour avec Marguerite (Nicole Besnard). Alors que reste-t-il de la légende ?

Une bonne partie. Ici, le diable, c’est toujours Méphistophélès (Michel Simon), mais ce n’est pas si simple : Michel Simon interprète Méphisto, mais aussi Faust âgé, et le contraire pour Gérard Philippe. Vous me suivez ?

Faust est un savant, un peu alchimiste, mais respecté de tous.

Quant à Marguerite, elle est jeune et belle, mais… Elle n’a pas la blondeur requise : c’est une bohémienne qui va de ville en ville montrer des tours de dressage et dire la bonne aventure.


L’irruption de Méphisto dans ce petit monde amène des situations plutôt comiques, dues surtout à la prestation de Michel Simon. Bien entendu, il a parfois tendance à faire du Michel Simon (ses adresses à Lucifer en sont un bon exemple) et à outrer son jeu. Mais pour les reste, c’est un Méphisto un peu espiègle et très roué qu’il nous joue : omnipotent et omniprésent, il s’amuse des situations et nous partage sa gaieté.

 Quant à Gérard Philipe, il est un Faust qui s’émerveille face à cette jeunesse retrouvée. Mais son attitude change progressivement avec la découverte de ce bonheur qu’il avait longtemps ignoré. Et finalement, une fois le pacte signé, Faust sombre peu à peu dans l’amertume. Parce qu’une fois le contrat établi, Faust se rend compte qu’il vient de passer à côté du bonheur une deuxième fois : la première fois quand il était jeune et qu’il préféra étudier ; la seconde, une fois la jeunesse retrouvée, en voulant toujours plus de félicité.

 

En plus de l’amertume, c’est la solitude qui baigne ce film. La solitude de Faust vieux, aux portes de la mort (on meurt seul, c’est bien connu), mais aussi du Faust jeune, damné en puissance, qui ne peut rien offrir à celle(s) qu’il aime. Faust erre, seul, sans logis, sans ami

Mais la solitude, c’est ce qui l’attend aussi dans l’avenir que lui révèle Méphisto. A quoi servent la puissance et la gloire sur un champ de ruines ?

La solitude touche aussi Marguerite, emprisonnée, mais ne dure pas.

Et c’est finalement Méphisto qui fera les frais de cette solitude : lâché par son maître, il est abandonné aux hommes, pires que les tourments de l’enfer...

 

L’association de ces deux acteurs est le socle du film. D’un côté un jeune acteur (à peine 27 ans pendant le tournage), beau et séduisant. De l’autre un acteur mûr (le double de l’âge du premier) et qui ne s’est jamais leurré sur son physique. Et en plus, avec une voix éraillée. Bref, deux extrêmes se rencontrent et nous donnent un spectacle à la hauteur de nos espérances, et tant pis si la légende n’est pas respectée.

 

Et puis, peut-on imaginer, chez René Clair, un film qui se termine mal ?*

 

 

* Oui, je sais, les grandes Manœuvres.

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