Clément Mathieu (Noël-Noël) court les rédactions des grands quotidiens pour faire publier son roman : La Cage aux rossignols. Mais ça ne marche pas du tout.
Pourtant, c’est une bien belle histoire qu’il a écrite, mais personne n’en veut.
Et puis un jour, un coup de pouce du destin – ou plutôt de son ami Raymond (Georges Biscot) – et la première partie est publiée.
Micheline (Micheline Francey), sa bonne amie exulte et lit à sa mère (Marguerite Ducouret) cette histoire. Cette dernière, après avoir voué Clément aux gémonies, est à son tour conquise.
Quand ce film sort enfin (1), la paix est revenue dans le monde – sauf en Indochine, mais ceci est une autre histoire – et les Français recherchent au cinéma un moyen de les sortir de ces années troublées (doux euphémisme !), avec des histoires agréables et qui se terminent bien (2). De plus, afin de ne pas rappeler les événements passés récents, Jean Dréville – mais surtout Noël-Noël – l’intrigue est située en 1935, à cette période pas plutôt consensuelle où la Guerre n’était pas une préoccupation, ni la politique (3).
Cette histoire de surveillant d’un pensionnat pour jeunes garçons turbulents (autre euphémisme !) correspond très bien à l’état d’esprit qui prédomine : juste ce qu’il faut d’espoir pour des enfants qui ont vécu la tyrannie d’un chef d’établissement (René Blancard) dont la pédagogie n’est pas la qualité première.
On y retrouve d’ailleurs une vieille gloire de cette décennie : René Génin qui joue un personnage débonnaire – le père Maxence – et qui (curieusement ?) ressemble à s’y méprendre à l’acteur René Génin !
Mais c’est avant tout l’histoire de Clément qui nous intéresse, avec, en parallèle celle d’un des élèves : Laugier (Roger Krebs). Ce dernier est un véritable poison pour les surveillants, étant puni très régulièrement, mais a la particularité de posséder une belle voix. Mais aussi, et surtout, une jolie cousine : Micheline.
L’arrivée de ce nouveau surveillant dans une maison de redressement qui n’en a pas le nom, n’est peut être pas très crédible pour les spectateurs actuels, mais il faut dire qu’il y a une véritable fossé entre la façon d’enseigner maintenant et autrefois. Et qu’on le veuille ou non, Clément est en avance sur son temps : il possède cette « bienveillance » recommandée aux enseignants actuellement.
Mais si Clément arrive à quelque chose à, je ne suis pas convaincu qu’il y parviendrait de nos jours.
Mais ceci est une autre affaire : contentons-nous de savourer cette belle histoire, où Noël-Noël est très convaincant – dans un rôle sur mesure, on n’est jamais si bien servi que par soi-même – et où les enfants turbulents pour l’occasion sont eux aussi très convaincants.
En se disant aussi, une fois le film terminé, que ces petits enfants ne le sont plus aujourd’hui : si Roger Kebs s’est éteint à l’âge de 83 ans en 2014, Michel François qui interprète Eloi Lequerec, a fêté ses 89 ans en juillet dernier…
PS : Si le film a été restauré et nous est présenté dans une belle version, il n’en va pas de même de la bande-son qui est parfois difficile à comprendre.
On ne peut pas tout avoir…
- L’offensive américaine de l’été 1944 avait retardé le tournage.
- C’est sûr : la décennie précédente nous a proposé quelques chefs d’œuvre dont la fin n’était pas toujours heureuse.
- Le Front Populaire était en cours de création.