Si la chèvre est un animal, celle qui nous est proposée ici en est un drôle : François Perrin (Pierre Richard) est un homme malchanceux. De sa naissance – prématurée – à son apparition dans le film, ce ne sont que catastrophes qu’il subit et/ou déclenche.
Alors quand la fille du président Bens (Michel Robin), autre malchanceuse notoire, disparaît : Bens, sur une suggestion du psy Meyer (André Valardy), envoie Perrin à la recherche de sa très chère fille, espérant que sa malchance permettra de retrouver sa trace. Mais, heureusement pour Bens, son enquêteur – Campana (Gérard Depardieu) – veille au grain. Il faut dire que se promener avec un tel ahuri est épuisant et peut se révéler dangereux (surtout pour lui).
A nouveau, Pierre Richard est François Perrin, gaffeur invétéré, comme dans le premier film de Francis Veber (le Jouet).
A nouveau, nous avons un couple improbable : d’un côté un professionnel, sérieux et solide ; de l’autre un ahuri, déclenchant des accidents à la pelle, et de ce fait mettant le premier en difficulté.
On retrouve donc le même duo mal assorti de L’Emmerdeur, Pierre Richard et Gérard Depardieu remplaçant Jacques Brel et Lino Ventura.
Et bien entendu, c’est Pierre Richard qui emporte tous les suffrages, son personnage de maladroit atteignant un sommet du genre.
Et si on assiste à une longue série d’accidents, il y en a au moins autant hors champ : entre les bribes de la vie de Perrin et les différents obstacles qu’il rencontre, on en arrive à se dire, tout comme Campana : « vous ne vous reposez jamais ? »
Et comme il ne se repose jamais, le spectateur en profite et rit de bon cœur face à cet homme. Pourquoi ? Parce qu’il porte toute la malchance du monde. Ce n’est plus une chèvre, mais presque le bouc émissaire (Cf. Lévitique, 16) qui accumule tous les tracas du monde, et surtout qui trouve cela très naturel.
Et le dernier plan qui le voit partir à la dérive sur un radeau improvisé résume très bien la vie de cet homme : tout peut s’effondrer autour de lui, il continue malgré tout à avancer, vers d’autres catastrophes auxquelles il continuera tout de même de survivre.
Face à Pierre Richard (et surtout François Perrin), il fallait un acteur solide. Lino Ventura ayant refusé, c’est Gérard Depardieu, star (encore) montante depuis Les Valseuses, qui lui donne la réplique. Clown blanc face à un tel auguste, ses interventions sont certes moins comiques mais ont l’effet escompté : il est un faire-valoir précieux pour Pierre Richard, tout comme le sera Gérard Lanvin face pour Michel Blanc dans Marche à l’Ombre.
Et il faut avouer que ce duo fonctionne bien, - et surtout Depardieu ne fait pas encore du Depardieu – tellement bien que deux autres films réunira les deux acteurs et le réalisateur, dans des intrigues aux même ressort comique : deux personnages mal assorti, mais qui au bout du compte sont complémentaires. Le seul changement notable concernera Pierre Richard : Perrin deviendra Pignon…