C’était il y a 80.000 ans, du temps où les mammouths et les tigres à dents de sabre se promenaient sans crainte.
C’était au temps où la tribu de Naoh (Everett McGill, qu’on a découvert dans Brubaker) se contentait de conserver le feu que la nature lui offrait (foudre, incendies…) et s’en servait pour se réchauffer, cuire la nourriture et surtout éloigner les prédateurs.
C’est d’ailleurs ainsi que commence le film : une nuit, une tribu dort près du feu protecteur.
C’est ce moment que choisit une autre tribu, beaucoup moins évoluée, pour attaquer et voler cet élément précieux.
Naoh et ses suivants fuient, emportant la précieuse flamme qui leur permet de faire renaître le feu, mais malheureusement dans la fuite, la flamme s’éteint.
Naoh et deux autres compagnons vont partir à l’aventure reconquérir ce bien si précieux.
Il s’agit avant tout de l’adaptation d’un roman éponyme – de J.H. Rosny l’Aîné – donc pas besoin d’y chercher quelque vérité » scientifique.
De plus, vingt ans plus tard, Yves Coppens et Jacques Malaterre proposeront un documentaire extraordinaire sur l’’évolution humaine, cassant au passage quelques mythes dont certains nourrissent ce roman.
Parce que nous sommes avant tout au cinéma. Et comme les différents personnages sont primitifs, on retrouve d’une certaine façon la manière de tourner au temps du muet.
Certes, Anthony Burgess a développé un langage pour ces hommes préhistoriques, mais comme au commencement du cinéma, c’est le contexte et les expressions faciales qui priment.
Et près de 40 ans après, le film fonctionne toujours magnifiquement.
Jean-Jacques Annaud fait évoluer ses personnages dans des milieux naturels (Canada, Kenya, Ecosse) et nous offre une histoire inoubliable.
D’une certaine façon, on peut considérer ce film comme un « road movie tant les personnages se déplacent et terminent plus riches – intellectuellement – qu’avant leur départ.
Ces trois « hommes » partent chercher le feu, et reviennent avec des techniques insoupçonnées auparavant : des armes plus efficaces, et bine tendu une méthode pour faire naître le feu.
Parce que le feu devient presque accessoire dans cette histoire. Les trois hommes suivent les indices qu’il laisse : la fumée, mais c’est pour se retrouver avec une tribu cannibale, ce qui refroidit rapidement les ardeurs. Mais ces barbares (1) sont indispensables à l’intrigue : parmi leurs prisonniers, se trouve la belle Ika (Rae Dawn Chong) qui est la personne qui les mènera vers la transfiguration : Naoh et ses acolytes Gaw (Nameer El-Kadi) et Aboukar (Ron Perlman, La révélation du film) vont découvrir en plus du feu le rire, qui est, rappelez-vous, le propre de l’homme (2).
En fin de compte, la Guerre du feu est un fil inoubliable. L’inexactitude (pré)historique est largement contrebalancée par des images splendides qui ne sont pas sans rappeler la séquence préhistorique de 2001, l’Odyssée de l’espace, d’où les premiers agresseurs semblent tout droit sortis.
Annaud signe ici un film absolument formidable, révélant l’immense Ron Perlman qui se retrouvera dans quelques-uns de ses films suivants, dont l’inoubliable Salvatore dans Le Nom de la rose.
Superbe, tout simplement.
- Notez la nuance : ce sont des anthropophages et nos trois « héros » sont un tantinet plus civilisés puisqu’ils ne mangent pas de ce « pain-là » !
- Merci à Alcofribas Nasier…