Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Drame, #François Truffaut
La Mariée était en noir (François Truffaut, 1968)

Julie Kohler (Jeanne Moreau) se déplace. Un jour à Cannes, un autre à Biviers, ou encore dans les Alpes, à Paris…

En fait, elle traque des hommes. Cinq hommes qui lui ont volé sa vie : alors qu’elle sortait de l’église Saint-Lambert de Vaugirard, un coup de feu retentit et David (Serge Rousseau), son mari, s’écroule, mort. Ces cinq hommes, un tantinet éméchés sont responsables de cette balle perdue.

Maintenant qu’elle les a trouvés, elle les élimine, froidement, obstinément.

 

Voici certainement l’un des meilleurs films de Truffaut. Il faut dire que déjà, il ne joue pas dedans… Toujours est-il qu’encouragé par son livre sorti l’année précédente, il se met à tourner à la façon de son maître cette histoire de vengeance dans le courant de 1967. Et il reprend Jeanne Moreau, l’une des égéries de cette « nouvelle vague », cinq ans après Jules et Jim pour interpréter cette tueuse envoûtante. Envoûtante certes, mais surtout froide. Un peu trop d’ailleurs ce qui se ressent sur son jeu : univoque et uniforme. On dirait (presque) qu’elle imite la diction du réalisateur !

 

Pourtant, tout le reste est impeccable, et comme chez Hitch, ce n’est pas la recherche du coupable qui nous intéresse – d’un côté, c’est elle, de l’autre ce sont eux - ni spécialement ses motivations qui arrivent lors du troisième meurtre – Morane (Michael Lonsdale) étouffé dans le cagibi sous l’escalier – mais bien son modus operandi, et surtout si elle arrivera au bout de son œuvre ! Parce que là, Truffaut glisse une difficulté imprévue dans son parcours : Delvaux (Daniel Boulanger), comme tout bon ferrailleur qui se respecte est un truand notoire arrêté par la police juste avant sa rencontre – fatale – avec Julie.

 

Quoi qu’il en soit, ça fonctionne plutôt bien pour elle – elle tue sans remords ni regret – et pour nous – la fascination mortifère est bien là. Mais il manque tout de même quelque chose. Il n’y a que très peu de suspense. En tout cas, beaucoup moins que chez Hitch, et surtout, la tension indispensable n’est pas assez élevée.

Et je pense que c’est là que le bât blesse : le jeu froid et invariable de Jeanne Moreau freine l’intrigue et peut lasser le spectateur – j’en connais !

 

Pour ma part, j’aurais aimé qu’il s’appesantisse plus sur ces cinq hommes qui deviennent meurtriers – et complices parce qu’un seul presse la détente – par accident : que ce soit après leur fuite (1) ou au moment de mourir. Le seul qui a la possibilité de s’exprimer – et qui nous explique donc la raison des voyages de Julie – c’est encore une fois Morane, véritable personnage pivot du film. Et celui qui aurait véritablement mérité un développement plus conséquent, c’est Fergus (Charles Denner) : si Morane exprime des regrets – tardifs – sincères, Fergus a été rongé par cette épreuve au point de ne pas reconnaître cette femme dont il a – involontairement – brisé la vie.

Tant pis.

 

Au final, c’est film de très bonne facture, mais malgré tout, un Canada Dry : ça ressemble à du Hitchcock, ça a la couleur du Hitchcock, mais c’est du Truffaut (2)…

 

  1. Qui est d’ailleurs très bien rendue.
  2. Comme disait mon ami le professeur  Allen John : « un Truffal, des Truffaut. »

 

Commenter cet article

Articles récents

Hébergé par Overblog