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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #David Lean, #Biopic

Un homme bichonne sa moto. Puis, il s’en va faire un tour. Il fonce. C’est un aventurier moderne.

Mais il y a des cyclistes imprudents. Il fait une embardée, qui l’emmène vers la cathédrale Saint Paul, où l’on peut admirer son buste de bronze.

Reste une paire de lunettes de pilote, se balançant à une branche.

Un mythe vient de mourir.

T. E. Lawrence était devenu un mythe. Celui qui n’était un petit officier un peu fantasque était devenu un grand unificateur de l’Arabie.

Et ceux qui en parlent, ne sont pas ceux qui l’ont connu. Car qui l’a connu ?

Ceux qui l’ont connu ne sont pas à Saint Paul, ce jour-là. Ils sont morts ou restés au Moyen-Orient.

Mais quel destin. Rien ne pouvait dire qu’il deviendrait ce grand personnage, si ce n’est sa connaissance du désert ou de la culture arabe.

Alors Lean déroule.

Ce n’est pas le premier « biopic ». Hollywood en a fait déjà beaucoup en 1962.

Mais cette fois-ci, ce n’est pas Hollywood qui commande, ce sont les Anglais, sous couvert de Columbia Pictures. Et quand les Anglais filment l’histoire d’un autre Anglais…

Et ce qui n’était que la vie d’un être au destin sans pareil devient une fresque d’un demi-dieu.

Seul Cecil B. DeMille avait donné autant de flamboyance à un destin hors norme, dans Les dix Commandements (1956). Mais c’était du domaine biblique, donc sacré.

Ici, pas de religion, ou si peu. Lawrence d’ailleurs refuse la prédestination religieuse et se veut maître de son destin et que les hommes autour de lui le soient aussi.

Comme chez DeMille, le désert est présent, mais pas dans les mêmes proportions. Ce qui pour Moïse était un lieu hostile, devient un lieu de prédilection. Jamais le désert n’a été aussi bien filmé.

Alors que d’habitude, on fait du désert un enfer, ici, cela devient un endroit grandiose. Tout est gigantesque.

Et les hommes ? A l’échelle de ce lieu démesuré : minuscules. Même dans le quartier général du Caire, les soldats ne sont que de petits êtres dans un lieu trop grand pour eux.

Lean prend le parti de les filmer extrêmement petits dans un lieu extraordinairement beau.

Et Lawrence réussit parce qu’il aime cet endroit. Alors que les Arabes déclarent aimer les lieux d’abondance et de verdure, Lawrence maîtrise le désert : il bravera les conseils pour retrouver un égaré à pied, et reviendra, malgré le peu de chances qui lui étaient concédées.

L’atout de ce film, c’est Peter O’Toole. Son premier grand rôle.

Il est grandiose. Plus Lawrence que Lawrence lui-même, peut-être. Et sa ressemblance avec l’original donne encore plus de vraisemblance à l’histoire.

L’autre atout, c’est une distribution de luxe : Omar Sharif (shérif Ali), Anthony Quinn (Auda Ibu Tayi), Claude Rains (Dryden), Alec Guiness (Fayçal), Anthony Quayle (Colonel Brighton), Jack Hawkins (Général Allenby)…

Tous utilisés à bon escient. Alec Guiness, le fidèle d’entre tous les fidèles, depuis Les Grandes Espérances (1946) joue un sheik tout en retenue et fidèle à l’éducation anglaise qu’il reçut au Caire ; Omar Sharif, nouvelle star du cinéma mondial, qui tournera à nouveau avec Lean dans Dr Jivago (1965) ; Claude Rains, dans un rôle de politicien retors comme il savait bien les jouer (etc…)

Bref, trois heures quarante-sept de flamboyance profane, le tout accompagné de la musique inoubliable de Maurice Jarre, autre compagnon de route de David Lean.

Du grand art. Un énorme moment.

PS : Et les femmes dans tout ça ? Il est clair que c’est un film d’hommes. Peu de femmes, voire pas du tout. Elles sont entraperçues dans le camp d’Auda, et une poignée d’infirmières investissent l’hôpital turc de Damas. Pour les reste, rien. Pas une seule.

Doit-on en conclure que Thomas Edward Lawrence ne les prisait pas ? Peut-être. Surtout quand Auda remarque que le shérif Ali pleure quand Lawrence quitte le prince Fayçal (Alec Guiness)…

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