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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Gilles Grangier, #Jean Gabin, #Michel Audiard
Le Cave se rebiffe (Gilles Grangier, 1961)

Max le Menteur est de retour. Mais il a changé de nom : il s’appelle cette fois-ci Ferdinand Maréchal (Jean Gabin). Il a abandonné ses cactus pour une histoire de fausse monnaie que lui a proposé son ami Charles Lepicard (Bernard Blier), ancien tenancier de maison close, au chômage depuis mars 1951, grâce aux bons offices de Madame Marthe Richard.

Il faut dire qu’ils ont à disposition un cador de la gravure, Robert Mideau (Maurice Biraud), dont la femme Solange (Martine Carol) a été levée par le sieur Eric (Franck Villard), lui-même une sommité dans son genre, si on en croit Gabin-Maréchal.

 

Bref, nous sommes à nouveau dans l’univers d’Albert Simonin, huit ans après Touchez pas au Grisbi. Mais si ce dernier film avait un ton réaliste et dramatique, on est ici dans une véritable comédie, orchestrée par un Gilles Grangier qui retrouve l’un de ses acteurs fétiches : Gabin. Le tout est servi par des dialogues de Michel Audiard de toute beauté, son art montant en puissance avant de s’épanouir deux ans plus tard avec Les Tontons flingueurs. Mais nous n’en sommes pas encore là.

 

Là encore, Gabin interprète un gangster sur le retour, qui vient effectuer un dernier baroud d’honneur. Mais si Max de Touchez pas au Grisbi joue de malchance, il n’en va pas de même pour maréchal, quoi qu’en dise le générique de fin. Oui, ce générique s’empresse de condamner l’histoire qu’on vient de voir, rappelant les cadres juridiques de cette malhonnête affaire. Mais nous savons bien que les extraditions du Venezuela (Maréchal arrive de Caracas) vers la France étaient plutôt rares… Mais qu’importe, il fallait respecter la morale (1968, c’était 7 ans après).

 

Ce film fut un succès malgré certains critiques désapprouvant ce « cinéma à Papa », mais la postérité leur donna tort : ce film, surtout grâce à ses dialogues, est maintenant considéré comme un classique de la comédie policière. Il faut dire aussi que la distribution est prestigieuse. Outre les gens cités précédemment, on trouve aussi deux rescapés du Corbeau de Clouzot : Antoine Balpétré, en homme d’affaires véreux, et l’inimitable Ginette Leclerc absolument magnifique en mère maquerelle au chômage.

 

Et pour l’une des scènes les plus belles du film, nostalgique à souhait : Françoise Rosay. Madame Pauline, sous couvert d’un commerce de fleurs et plumes, est une receleuse de papier monnaie qu’elle propose à des prix imbattables, étant l’une des seules à le faire… Maréchal vient la trouver et nous avons alors droit à une évocation du milieu d’antan qui n’est pas piquée des hannetons. C’est un véritable plaisir de l’entendre discuter avec Gabin des différentes disparitions des uns et des autres, naturellement, comme si une mort par balles était une chose banale, voire normale. Mais dans ce milieu, elle l’est. Et ces souvenirs pittoresques ne l’empêchant pourtant pas de verser une larme pour l’un des morts : le seul qui fut terrassé par une cirrhose ! Cette scène se conclut sur un dialogue magnifique :

Pauline : À quoi je le reconnaîtrais ?
Le Dabe : Un beau brun, avec des petites bacchantes, grand, l'air con !
Pauline : Ça court les rues, les grands cons !
Le Dabe : Ouais ! Mais celui-là c'est un gabarit exceptionnel ! Si la connerie se mesurait, il servirait de mètre étalon ! Il serait à Sèvres !

[je vous laisse aller (re)voir la suite quand le « grand con » vient prendre livraison]

 

Un classique, oui, qu’on ne se lasse pas de revoir.

Pour les dialogues d’Audiard, la gouaille de Gabin et aussi pour Blier !

 

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