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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Thriller, #Jean-Jacques Annaud
Le Nom de la rose (Der Name der Rose - Jean-Jacques Annaud, 1986)

Une abbaye retirée, au nord de l'Italie.

Des moines qui meurent, sans raison apparente, sinon surnaturelle.

Un moine franciscain, Guillaume de Baskerville (Sean Connery) et son novice Adso de Melk (Christian Slater).

Et un inquisiteur aussi effroyable que cruel, Bernardo Gui (F. Murray Abraham).

Et malgré tout cela, une question théologique (qui semble pourtant) de premier ordre : le Christ possédait-il ses vêtements ?

 

Du roman théologique d'Umberto Eco, ne reste que quelques rares références : essentiellement l'hérésie dulcinienne, et son cri de ralliement prononcé par Salvatore (Ron Perlman),«  Penitenziagite ». Mais toute la réflexion autour des hérésies a disparu . D'un autre côté, tant mieux, il aurait été difficile de montrer les différentes réflexions sans transformer ce film en documentaire un tantinet indigeste. Le livre - magnifique - ne pouvait être adapté qu'en prenant appui sur l'enquête de Guillaume, racontée par son novice, témoin partial de ce qui se déroule.

Dès l'annonce des personnages, un sonnerie retentit : Baskerville. Tout de suite, c'est Sherlock Holmes qui nous vient à l'esprit, et son aventure (certainement) la plus célèbre : le Chien des Baskerville.

Alors pas étonnant que Guillaume soit un disciple de la raison, usant de déductions et de logique pour résoudre un mystère surnaturel qui ne l'est pas.

Mais au-delà de cette intrigue policière, c'est la reconstitution et le jeu des acteurs qui font la force de ce film.

Nous sommes en 1327, dans une période trouble de la chrétienté, en plein Moyen-Age. D'un côté les moines vivant facilement dans leur abbaye, de l'autre, de pauvres gens vivant des restes de cette même abbaye, balancés comme à des chiens.

Alors quand le légat du pape débarque, la différence est encore plus grande. Cette même différence est d'ailleurs bien montrée quand ces prélats aisés repartent, le légat, à la fenêtre de son carrosse, esquissant des gestes de bénédiction envers des gueux dont il n'a que faire  (son visage traduit très bien cela).

Et puis les acteurs. Une seule femme : la fille (Valentina Vargas). Très belle, avec une plastique très agréable. Mais elle ne parle pas. Ou si peu. On pourrait (presque !) croire que les préjugés et préceptes envers les femmes de l'intrigue ont rejailli sur son rôle !

Pour le reste, deux acteurs dominent cette production.

Sean Connery, en moine ultra-rationnel, à la limite de l'athéisme est formidable. Il a une relation idéale avec son novice : le maître avec son disciple, le tout teinté d'un paternalisme (dans le bon sens du terme), impliquant une affection qui s'exprime à certains moments importants : le soulagement de voir Adso en vie lui suffit. Mais c'est tout ce que Guillaume ne dit pas qui est important. Adso, qui vit une expérience à l'opposé des vœux monacaux en rapport avec la chasteté, est perturbé. Et Guillaume, au lieu de le blâmer, l'écoute et ne le juge pas. Et dans cette période d'obscurantisme, une telle position d'un homme d'église est étonnante.

L'autre acteur qui fait - à mon avis - un numéro extraordinaire est Ron Perlman. Oui, j'ai une grande tendresse pour ce rôle. Salvatore est avant tout un monstre, comme on en trouve dans Freaks. Il est bossu, a une seule dent devant et ne sait pas parler correctement. Le sabir qu'il exprime, mélange des langues dominantes de l'Europe de 1327 (sauf l'Allemand), ajoute à son anormalité. Déjà, dans la Guerre du feu (1982), le précédent film de Jean-Jacques Annaud, il interprétait un homme préhistorique qui se rapprochait plus du primate que de l'homo sapiens. Ici, il est phénoménal. Salvatore, de par sa difformité (physique et morale) est une véritable victime expiatoire, en conformité avec les canons de l'Inquisition, représentée par Bernardo Gui (personnage historique qui a réellement existé).

Et puis il y a les autres : ces moines au physique ordinaire. Pas de bellâtre (ou si peu de temps). C'est une véritable collection de trognes : du bibliothécaire à l'apothicaire, des « gueules », accentuées par des tonsures pas toujours heureuses...

 

Pour le reste, on laisse les puristes râler quant à l'adaptation du livre, et on savoure une belle enquête sur fond de Moyen-Age, avec un Sean Connery - malgré lui - vieillissant certes, mais toujours aussi sexy.

N'est-ce pas, mesdames ?

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