Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Politique, #Henri Verneuil, #Jean Gabin
Le Président (Henri Verneuil, 1961)

Le Président Beaufort (Jean Gabin) vit en retrait de la chose public, mais pendant quelques décennies, il a soutenu la France avec conviction et force, contre ses ennemis de l’extérieur comme de l’intérieur, faisant passer l’intérêt général avant le sien, assumant jusqu’au bout des engagements parfois douloureux, parfois impopulaires, mais toujours dans le même esprit.

Maintenant, c’est un retraité que certains viennent consulter quand ils sont de passage en France, ou quand la situation l’exige, comme Philippe Chalamont (Bernard Blier), pressenti pour occuper la place tant convoitée de Président du Conseil.

Alors le Président se souvient. Quand il dirigeait le pays, avec comme directeur de cabinet un certain Chalamont Philippe.

 

Gabin est donc entré dans sa dernière période, celle des anciens, et des patriarches. Certes, le Président Beaufort n’a pas d’enfant, mais il reste tout de même, une quinzaine d’années après son retrait, le père de la République, marié à cette France qu’il a tenté de servir du mieux qu’il put tout au long de sa prestigieuse carrière. Et s’il entre dans ce qu’on n’appelle pas encore le troisième âge, il n’en demeure pas moins ce grand acteur, donnant à son personnage des allures de Clémenceau et d’Aristide Briand (tous les deux pas seulement pour la moustache !), avec d’admirables envolées verbales : normal, c’est Michel Audiard qui sert les dialogues.

Et encore une fois, pour qu’un acteur soit grand, il faut qu’il soit bien entouré : c’est le cas ici avec la présence d’un autre monstre sacré – Blier – ainsi que quelques figures secondaires du cinéma français dont une belle brochette d’interprètes du Corbeau (1) : Louis Seigner, Antoine Balpêtré, Pierre Larquey ou encore Héléna Manson.

 

Avec ce film, Verneuil montre que malgré la Nouvelle Vague (2), le cinéma traditionnel se porte bien, et surtout qu’on peut aussi traiter des sujets graves et politiques. Certes, le personnage de Beaufort soutient le film, mais Verneuil réussit à créer une tension dans cette intrigue de Simenon, et surtout retranscrire la politique de la première moitié du XXème siècle en France (3), où le Parlement avait une très grande importance, faisant et défaisant les gouvernements sur des sujets plus ou moins polémiques.

Pas étonnant qu’on trouve ici une magnifique séquence où Gabin s’épanouit : acculé à cause d’un projet de loi controversé à propos des tarifs douaniers, il quitte la scène politique sur un baroud d’honneur de grande classe, réjouissant jusqu’aux journalistes dont le directeur d’un grand titre (Jacques Monod) qui n’attendait que cela.

 

Bref, nous sommes en de bonnes mains et la qualité des interprètes alliée à celle des dialogues font de ce Président un grand moment du cinéma politique français. Bien sûr, il n’y a pas de polémique soulevée ici – ce n’est pas du cinéma engagé, n’anticipons pas – mais on remarque que le discours de Beaufort est toujours d’actualité et surtout qu’on y trouve, trente ans avant la ratification du Traité de Maastricht, les mêmes arguments anti-européens qu’on a pu entendre voilà près de trente ans. Quant aux dénonciations du même Beaufort pendant sa dernière diatribe, on y sent un parfum de « déjà entendu », mais qui malheureusement s’applique très fortement aujourd’hui encore.

L’universalité des dialogues d’Audiard, sans doute…

 

  1. On en reconnaîtra beaucoup d’autres… Ou pas !
  2. Hum…
  3. Et même un peu après, la Vème République n’intervient qu’en 1958.
Commenter cet article

Articles récents

Hébergé par Overblog