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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Justice, #Cédric Kahn
Le Procès Goldman (Cédric Kahn, 2023)

En 1976, Pierre Goldman (Arieh Wortalter) est à nouveau jugé pour différents méfaits qui lui avaient valu la perpétuité : plusieurs braquages dont celui de la rue Lenoir (Paris) qui avait fait deux mortes et deux blessés. Pourquoi le rejuger ? Parce que dans sa prison, Pierre Goldman a écrit un livre clamant son innocence. Cette innocence a été relayée par la gauche française, amenant le cassement du jugement.

Pierre Goldman a choisi de ne pas appeler de témoins, laissant sa défense à ses seuls avocats : Me Chouraqui (Jeremy Lewin), Me Bartoli (Christian Mazucchini) et bien sûr Me Kiejman (Arthur Harari).

Mais Goldman est tout sauf un accusé ordinaire, ce qui va poser évidemment des problèmes à la défense…

 

Autant le dire tout de suite, Goldman a été lavé du crime de la rue Lenoir, seul véritable enjeu de ce procès. Et d’ailleurs les débats se focalisent sur les deux meurtres, avec toutes les contradictions qui en ont émanées, que ce soit du côté des témoins de la défense comme de l’accusation. Bien entendu, ces mêmes contradictions – surtout de la police – offrent un boulevard à Pierre Goldman qui en profite pour tirer à boulets rouges sur les institutions.

C’est à chaque fois ponctué de réactions du public qui ajoute à la confusion. Sans oublier Me Garaud (Nicolas Briançon) qui n’est pas un novice et sait encourager les réactions de l’accusé pour mieux le discréditer.

Bref, c’est un procès à grand spectacle, où malgré l’enjeu l’humour est présent !

 

Mais malgré ce grand spectacle annoncé, Cédric Kahn nous prend à contre-pied dès le début : le format proposé est un 4:3 peu courant actuellement depuis l’explosion du 16:9. Nous sommes dans le format de la télévision de l’époque, et seul manque le noir et blanc (1). Parce que ce format sobre va resserrer l’attention du spectateur sur ce qu’il se passe et surtout ce qu’il se dit. Nous sommes en plein cœur du procès, prenant même parfois place dans le public ou sur la chaise du Président (Stéphan Guérin-Tillié), recevant directement les différents arguments des deux camps. Ce format « télévision » amène aussi un aspect documentaire de ce procès, ajoutant une teinte authentique très présente. Cette authenticité est relayée par la présence de personnalités dans le public : Simone Signoret, Régis Debray et le Jean-Jacques (appelé « jeune homme »), le frère de l’accusé (2).

 

Et pour renforcer (encore plus) l’aspect sérieux du film et empêcher toute intervention extérieure à ce procès, Cédric Kahn a exclu toute musique : de l’ouverture qui voit Kiejamn et Chouraqui revenir sur la dernière lubie de leur client, à la dernière ligne du générique de fin, c’est une bande originale muette que nous avons. Et tout l’art de Kahn, c’est de ne pas le faire remarquer. C’est seulement à la fin, alors que l’écran est noir et que la distribution commence qu’on s’en aperçoit (pas toujours, d’ailleurs). Alors on attend jusqu’au bout pour en être bien sûr. Mais non, pas une seule note. Et le propos du film n’en est que plus fort : nous sommes dans les conditions du procès, celles de Pierre Goldman. Et à chaque fois qu’il quitte la salle, la caméra le suit, délaissant ce qu’il se passe au-dehors, même s’il semble y avoir toujours du spectacle !

 

Et c’est vrai que ce film, malgré ce format réduit, est un formidable spectacle. Mais sans véritable effet (même pas de manche), les différents protagonistes l’assurant brillamment. Et là, je ne parle pas des personnages mais bien des interprètes qui, de par une certaine similitude de traits physiques, incarnent parfaitement leur rôle, Worthalter et Harari bien sûr, mais aussi Briançon et Guérin-Tillié. Il y aune parfaite osmose entre les personnages et leurs interprètes, ce qui renforce l’aspect authentique du film. C’est juste du début à la fin, et ce pour notre plus grand plaisir.

 

Décidément, l’année 2023 est une année judiciaire de qualité pour le cinéma français !

 

  1. Chez moi, c’est l’année où nous avons eu notre première télévision en couleur !
  2. Ces personnages ne s’exprimeront à aucun moment, ce qui rend difficile l’identification de leurs interprètes.
Pierre Goldman (1944-1979)

Pierre Goldman (1944-1979)

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