[A nouveau, de véritables morceaux de résolution d’intrigue se sont glissés dans ce qui suit…]
Après l’épisode comique du Guignolo, Lautner tourne une troisième fois de suite avec Belmondo. Et cette fois-ci, le sujet est un tantinet plus sérieux.
Jocelyn « Joss » Beaumont (Belmondo, donc) est un agent secret d’élite français abandonné par ses supérieurs alors qu’il devait assassiner le président N’Djala (Pierre Saintons). Condamné au travail forcé, il s’évade et revient en France.
Il revient en France au moment où ce même N’Djala y est en visite officielle. Il entend bien terminer sa mission.
Evidemment, les services secrets sont sur la brèche : comment retrouver un agent rompu à tous les exercices ?
On ne peut pas, c’est un véritable professionnel. D’où le titre.
L’affiche est claire : Belmondo tient un revolver et met en joue quelqu’un. On ne rigole plus. Ca va flinguer ! Et d’ailleurs, ça flingue. Dans le village africain tout d’abord. A la fin, bien sûr, quand on règle les comptes. Et entre les deux ? Une chasse à l’homme. Celle de N’Djala pour Beaumont, celle de Beaumont pour les autres. Avec bien sûr issue fatale pour l’un ou pour l’autre, voire les deux. Et là encore l’affiche est claire : un cadavre sous le titre. Celui d’un homme blanc. Beaumont ? Peut-être.
Et si Belmondo tient grandement le haut de l’affiche, Georges Lautner et Michel Audiard sont tous les deux sur le même plan : les dialogues sont donc aussi importants que la mise en scène. Pourrait-il en être autrement avec ces deux-là ?
Et question dialogues, nous sommes servis, avec même une double citation (dans la même séquence) des Tontons flingueurs : Beaumont frappe à une porte qui est ouverte par un certain Volfoni (Pierre Vernier)… Je,’y peux rien, ça me fait toujours rire.
La rencontre avec Doris Frederiksen (Marie-Christine Descouard) est tout aussi savoureuse, encore une fois grâce à l’écriture (ciselée) d’Audiard.
Autre élément marquant de ce film : la musique d’Ennio Morricone. Chi Mai est le tube du film : pas une journée sans qu’on l’entende plusieurs fois à la radio (à l’époque), prenant même la première place du Hit-Parade de Jean-Loup Lafont (sur Europe). Et puisqu’on parle de Morricone, on peut parler de Leone : la rencontre ultime entre Beaumont et Rosen (Robert Hossein) n’est pas sans rappeler les westerns du maître…
Bref, un film qui s’écoute aussi (1).
Et puis il y a Belmondo.
Pas de cascade cette fois-ci, mais un jeu sérieux avec quelques pointes d’humour (merci Audiard, donc) et un gros flingue. Il est Le Professionnel dans tous les sens du terme, attirant tout l’intérêt du spectateur du début à la fin, quand il s’en va prendre l’hélicoptère.
D’ailleurs, à part pour effet final, je ne comprends pas bien la pertinence de l’envol de cet engin : personne ne monte dedans !
Quoi qu’il en soit, cette fin – tragique – donne toute sa signification au titre : il sait que son sort se décide et qu’il est funeste. Sa recommandation à la même Doris l’atteste. Et si certains spectateurs – j’en ai connus à l’époque – ont été frustrés de voir leur idole succomber (2) au tir de Farges (Bernard-Pierre Donnadieu), cette fin est tout de même logique : que lui restait-il après tout ça ?
PS : Pourquoi avoir ajouté un cigarillo dans la bouche de Belmondo sur certaines affiches étrangères ?
- On m’avait offert le 33 tours !
- Ce n’était pas arrivé depuis Borsalino (1970)… Belmondo meurt moins souvent que Delon !