Till (Gérard Philipe) est un jeune homme plein de ressources, bien entendu un tantinet oisif, pour qui toutes les femmes sont des fiancées.
Mais quand l’armée d’occupation (l’Espagne) brûle son père (Fernand Ledoux) pour rébellion, il décide de rejoindre la résistance.
Aidé de son fidèle Lamme (Jean Carmet), il va aider à soulever les Province pour aider le prince d’Orange (Wilhelm Koch-Hooge) à chasser les envahisseurs.
Plus jeune (beaucoup), Till était pour moi un personnage de comédie qui se régalait de son pain en humant l’odeur d’un poulet rôti. Avec Gérard Philippe (aidé de Joris Ivens), ce jeune homme est plus une figure de la résistance flamande à l’occupation espagnole, bien loin de cette image un tantinet naïve. Et c’est tout de même Philipe qui est dans le vrai, reprenant l’adaptation flamande de Charles De Coster qui en fait un héros de cette résistance anti-espagnole (1).
Mais comme Gérard Philipe est (pour la seule fois de sa vie) aux commandes, on retrouve tout de même cette espièglerie qui a toujours qualifié son personnage.
Parce que, encore une fois, c’est un film d’acteur, où Gérard Philipe, grand patron, se fait plaisir dans un rôle sur mesure : non seulement Till est un personnage de son registre, mais en tant qu’homme de gauche, il ne pouvait que se reconnaître dans cet homme qui résiste à un envahisseur.
Et ça fonctionne. On passe un bon moment à suivre cette série d’aventures où le burlesque a sa part et où la résistance est avant tout pour de rire, malgré les représailles terribles de l’armée d’occupation (roue, pendaison).
Mais Gérard Philipe n’était pas un réalisateur, et malgré tout, cela se ressent dans le film et la générosité – inévitable quand un acteur passe derrière la caméra – a ses limites : le film est plaisant mais n’atteint pas des sommets.
Gérard Philipe se fait plaisir, le spectateur aussi, est c’est là qu’est le plus important : le cinéma est là (aussi) pour nous évader. Mais Till n’est pas Fanfan, et Gérard Philipe n’est pas Charles Laughton : son seul film, plaisant, reste un divertissement anecdotique.
Pas plus.
- Les pays limitrophes qui ont résisté contre l’Allemagne ne peuvent que souscrire à cette résistance contre un pays qui n’a même pas de frontière commune avec leur territoire.