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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Comédie, #Francis Veber
Les Fugitifs (Francis Veber, 1986)

Jean Lucas (Gérard Depardieu) et François Pignon (Pierre Richard) sont de retour !

Cette fois-ci, Lucas sort de prison après un séjour tout frais payé de cinq ans. Et s’il sort, ce n’est pas pour y retourner, n’en déplaise à l’inspecteur Duroc (Maurice Barrier).

Alors il va s’installer et avant tout ouvrir un compte en banque. Mais là, c’est pas de chance : François Pignon, chômeur de longue durée a décidé de la braquer. Et comme ça ne se passe pas très bien, il prend un otage. Oui, Lucas.

Dès lors, c’est une cavale qui s’installe.

 

Troisième opus du duo Depardieu-Richard (1), on y retrouve le couple mal assorti régulier des films de Veber, avec cette fois-ci une dimension plus sérieuse du fait de la présence de Jeanne (Anaïs Bret), la fille de Pignon. Ce changement de ton se prolonge avec la musique de Vladimir Cosma (fidèle au poste) qui n’a rien de sautillant ni même comique.

Il faut dire que la petite Jeanne n’engendre pas le rire : elle reste muette depuis la mort de sa mère trois ans plus tôt. Cette mort coïncide avec le début du chômage de son père ce qui n’encourage pas à aller bien. Surtout avec ce père-là !

 

L’apparition de Pignon est d’ailleurs assez dramatique : un braquage de banque n’a rien de comique en soi. Mais rapidement, Veber débloque la situation et nous présente ce nouvel avatar pignonnesque pour ce qu’il est : un pauvre type au bout du rouleau qui n’a décidément pas de chance, comme en témoigne le parcours de son sac à butin.

Et cette malchance est contagieuse (2) puisqu’elle touche immédiatement Lucas, otage récalcitrant (3), embarqué malgré lui dans une cavale improvisée (4) qui les emmènera de Bordeaux vers la liberté, avec bien sûr moult péripéties improbables et surtout des rencontres fameuses (et fumeuses ?), dont deux professionnels médicaux : un vétérinaire (Jean Carmet) et un médecin (Michel Blanc).

 

Comme je l’ai écrit plus haut, la présence de la petite Jeanne donne une autre dimension au film. Si le couple Richard-Depardieu fonctionne comme attendu, la présence de la petite fille atténue leurs attitudes : Lucas n’est pas qu’une brute, ni Pignon qu’un emmerdeur malchanceux. L’enfant va les rapprocher, malgré eux, et au final les souder, donnant à l’appellation « couple » une autre signification que celle attendue : nous sommes en 1986 quand sort le film, et il n’est pas question alors de parler d’union homosexuelle. Et de toute façon, il n’y a aucun élément latent là-dessus. Et pourtant, s’ils restent ensemble, c’est pour l’enfant !

Et même quand Pierre Richard endosse le rôle de la femme, il n’y a aucun sous-entendu, dans un sens ou dans l’autre : c’est un subterfuge, prétexte à des éléments comiques qui ne détonent pas dans l’histoire, ni ne tournent au grotesque, malgré sa tenue qui, elle, l’est.

 

Avec ce troisième épisode, Francis Veber clôt un triptyque : il n’y a pourtant aucun lien entre Pignon et Lucas ici avec ceux des Compères, ni avec Perrin et Campana de La Chèvre. Seuls le duo d’acteur est récurrent. Le seul lien qu’on pourrait trouver concerne Lucas qui s’adoucit encore une fois au contact d’un enfant. Dans Les Compères, c’était celui qu’ils étaient partis rechercher et auquel il donne quelques gages d’affection et de subtilité. On retrouve cette même attitude un tantinet gênée de celui qui se découvre une fibre paternelle, mais qui va prendre toute sa dimension ici, grâce à la petite.

Mais il n’empêche, avec Les Fugitifs, Veber rassemble ses deux héros singuliers et les fait se lier pour une durée temporaire (« quelques jours », dit Lucas), alors que nous savons très bien que ce temporaire va durer.

C’est la dernière fois que le trio va tourner ensemble. Et c’est normal : les deux personnages n’ont plus de raison de se quitter, parce qu’il faut élever la petite fille, et que Pignon n’y arrivera pas tout seul.

Cette troisième rencontre devient alors inévitable et indispensable : ils étaient faits l’un pour l’autre.

 

  1. Ou du trio Depardieu-Richard-Veber ?
  2. Comme dans La Chèvre
  3. Il faut le comprendre : se retrouver otage après avoir été libéré pour le braquage de 14  banques !
  4. C’est souvent comme ça dans ces cas-là.
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