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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Télévision, #Série, #Histoire, #Claude Barma
Les Rois maudits (Claude Barma, 1972-1973)

18 mars 1314.

Jacques de Molay (Xavier Depraz) est brûlé vif sur l’Ile aux Juifs (Paris).Avant de mourir, il maudit ceux qui sont à l’origine de la chute de son ordre : le pape Clément V, Guillaume de Nogaret (Jacques Goasguen) et le roi Philippe IV, dit « Le Bel » (Georges Marchal), ainsi que sa descendance.

S’ensuivent une quinzaine d’années de désordre monarchique avec en points d’orgue différentes disparitions de monarques : Louis X, dit « le Hutin » (Georges Ser) ; Jean I, dit »le Posthume » ; Philippe V, dit « Le Long » (José-Maria Flotats) ; Charles IV, dit « Le Bel » (Gilles Béhat) ; et Philippe VI (Benoît Brione).

Avec ce dernier, c’est la fin des capétiens directs sur le trône de France (en place depuis 987) et le début des Valois (jusqu’en 1589), avec en prime les lois saliques qui interdisent le trône aux femmes, et en ligne de mire la Guerre de Cent Ans.

Et tout ça, grâce à l’intervention d’un homme : Robert d’Artois (Jean Piat), furieux d’avoir été dépossédé de son fief par sa tante Mahaut (Hélène Duc).

 

On comprend, en lisant ces quelques lignes ci-dessus, l’origine de la saga du Trône de Fer de George R. R. Martin : ce ne sont qu’intrigues et complots, luttes à mort pour arriver à son degré de pouvoir : qui un comté (Robert), qui le trône de France (Philippe V), ou celui de Saint Pierre (Jacques Duèze, futur Jean XXII – Henri Virlogeux). Et Claude Barma, aidé par la superbe adaptation de Marcel Jullian, va réussir l’exploit de faire tenir ces quelques années on ne peut plus riches en péripéties en six épisodes d’une centaine de minutes, conservant la même intensité et la même richesse. Un pur chef-d’œuvre.

 

Ce fut, bien entendu, un succès national, les Français attendant avec impatience les nouveaux développements de cette intrigue foisonnante et haletante, d’une semaine à l’autre entre le 21 décembre 1972 et le 24 janvier 1973, jusqu’à l’inévitable mort de Robert d’Artois, suite au siège Vannes.

Mais aujourd’hui, cinquante ans après cette toute première diffusion, on peut se demander légitimement si le succès serait au rendez-vous. Non pas parce que l’intrigue (c’est vraiment le terme approprié) déplairait, mais plutôt parce que la mise en scène est très éloignée des goûts du public actuel (encore que…) : la plupart des interprètes de cette série sont des comédiens de renom ce qui donne à voir du théâtre filmé plutôt que des téléfilms. De plus, la sobriété des décors (une histoire de budget ?) recentre l’attention du spectateur sur ce qui se dit plutôt que sur ce qui se voit. Certes, les costumes sont chatoyants et élaborés, mais cela renforce cette idée de théâtre filmé.

 

Mais quel théâtre filmé !

C’est absolument magnifique : les différents protagonistes tiennent leur rang avec beaucoup de talent, en particulier les relations entre Robert et Mahaut qui font tout le sel de cette série. Jean Piat (formidable) et Hélène Duc (elle aussi) se livrent à une joute verbale haute en couleur, leurs propos niant (presque) toujours leurs pensées : « ma bonne tante », mon beau neveu »…

Et d’une manière générale, c’est la rouerie qui est magnifiée dans cette œuvre. Certes, Maurice Druon avait magnifiquement décrit tout cela dans sa série romanesque, mais la gageure n’en était que plus haute et plus belle. Barma réussit ce pari parce qu’il s’est entouré de ce qui se faisait de mieux sur la scène nationale à l’époque. Avec une mention spéciale pour celui qui,  mon avis, est le plus roué de tous, Spinelli Tolomei (Louis Seigner) qui, de par sa situation – il est un banquier (1) lombard – est le point convergent de tous ces gens qui intriguent : c’est lui qui a l’argent, le nerf de la guerre. C’est d’ailleurs lui qui s’en sortira le mieux…

Une série indispensable et qui, semble-t-il, relègue loin derrière la seconde adaptation de 2005. (2)

 

  1. Ceci explique-t-il cela ?
  2. Je ne l’ai pas vue en entier, je me suis arrêté après 5 minutes. Il faudra que je réessaie… Ou pas.
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