Station spatiale internationale.
Un équipage de six scientifiques venant de différents pays doit réceptionner des échantillons venant de Mars.
Et, depuis H. G. Wells, on sait qu'il y a un échantillon de vie...
Le premier stade, c'est la découverte de la cellule. le second, son réveil. Le troisième, c'est son développement.
Et après ?
Après, Wells rencontre Alfonso Cuarón, Stanley Kubrick (un petit peu), mais surtout Ridley Scott.
On prend les mêmes ingrédients que Alien et on le transpose : le vaisseau est remplacé par la station spatiale, d'où une sorte de mise à jour du décor. [Qu'en sera-t-il dans quarante ans ? Trouvera-t-on toujours ce décor adéquat ?]
Comme dans Gravity, on voit des gens évoluer en apesanteur avec une fascination certaine, admiratifs devant ces effets.
Daniel Espinosa rejoint Kubrick et son 2001, a space Odyssey sur deux points : le traitement de l'apesanteur, où les plans des acteurs ne sont pas en rapport avec notre vision classique des corps (tête en haut, pieds en bas) et le traitement de l'extraterrestre. Ici aussi, nous avons affaire à un corps étranger hybride qui ne ressemble à rien de familier : une espèce de croisement entre une étoile de mer et une orchidée. Pas d'humanoïde, cette fois-ci. Et cette créature en devient fascinante. Pour les protagonistes tout d'abord, la découverte d'une nouvelle forme de vie s'apparente à une nouvelle naissance, soulignée par une véritable naissance qui a lieu pendant le séjour spatial. Mais fascinante aussi pour le spectateur : cette étrangeté (volonté de la production de se démarquer de ce qu'on connaissait) est tour à tour attirante et repoussante.
Et bien entendu, il y a l'incident qui amène le déséquilibre : le réveil de la créature, amenant une resucée d'Alien, dans un décor plus moderne, tout de même. Mais les ressorts sont les mêmes : un espace gigantesque qui devient vite un lieu confiné et oppressant ; une créature hostile qui échappe à tout contrôle ; des membres d'équipages qui, même s'ils ne se séparent pas, sont éliminés par cette même créature ; des moments de silence présageant un coup de théâtre... Et une angoisse qui monte !
Le tout pour exploser dans une fin comme on en rêvait.
Pourtant, ça avait un peu mal commencé : l'expédition est médiatisée, et ce sont essentiellement des médias américains qui couvrent l'événement. On songe tout de suite que la film va tourner - encore une fois - à l'apologie des Etats-Unis, sauveurs officiels de la planète depuis maintenant plusieurs décennies : des petits enfants américains posent des questions aux astro/cosmonautes, c'est une école choisie parmi 11 000 qui donne son nom à la créature : la primaire Calvin Coolidge... Il ne manque plus que Tom Cruise et la boucle sera bouclée. Et puis on retrouve une répartition des rôles en fonction des minorités selon le principe de Tolérance cher aux Américains (un asiatiques, un noirs qui plus est handicapé...)
Mais c'est un réalisateur suédois... Alors même si l'Amérique est le point de départ de l'histoire, la fin n'a rien d'américaine.
Et c'est tant mieux !
Et pourtant, ce n'est pas faute d'avoir essayé ! Tous les ingrédients sont là pour avoir une fin attendue : et non !
Ca fait du bien de temps en temps...