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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Mervyn LeRoy, #Gangsters
Le petit César (Little Caesar - Mervyn LeRoy, 1931)

Caesar Enrico Bandello. Le petit César. Mais on l'appelle Rico (Edward G. Robinson).

C'est une petite frappe. Le genre à braquer des stations services, avec son partenaire, Joe Massara (Douglas Fairbanks Jr.). Mais il a de l'ambition.

Un jour, qu'il lit le journal à propos d'un truand notoire new-yorkais, il a la vocation : il sera un grand.

Alors nous assistons à son ascension fulgurante dans un milieu d'argent facile, où le plus fort l'emporte toujours. Quoi que...

 

Malgré un budget restreint, Mervyn LeRoy nous gratifie d'un film de fort bonne facture.

Rico fait partie de ces gangsters sans foi ni loi qui vont fleurir à Hollywood des années 1930. Nous en sommes encore aux prémices du film de gangster. Bien loin de Scarface. Ici, pas de mort à grand spectacle : on éteint la lumière avant de tuer. Ou alors c'est hors champ. Il faudra attendre la toute fin pour que deux morts se déroulent devant nous : Otero (George E. Stone), et bien sûr Rico.

Et Edward G. Robinson est un gangster plus vrai que nature : mise impeccable, gâchette facile, et surtout trogne vraiment patibulaire. Ce n'est pas James Cagney avec sa gueule d'ange. Pas du tout. Il s'agit d'un personnage qui ne rit jamais, voire sourit très peu. C'est un homme expéditif et très manichéen : d'un côté ceux qui sont avec lui de l'autre, ceux qui sont contre lui.

Malgré tout, Rico n'est qu'un pauvre type. Une espèce de pignouf qui se donne des airs. C'est un frustré qui a besoin de reconnaissance. Il lorgne vers ceux qui sont au-dessus : Pete Montana (Ralph Ince) ou encore plus haut Big Boy (Sidney Blackmer).

Il va tout faire pour leur ressembler, avoir leur classe vestimentaire ou leur distinction. Mais il reste avant tout un homme fruste, peu éduqué, qui balance les cendres de son cigare n'importe où, sauf dans un cendrier.

Dès qu'il commence à monter dans la hiérarchie, son apparence se modifie : il porte le même genre de bijoux que Pete Montana, il est habillé avec beaucoup de soin. Mais dès que l'occasion de parader se présente, il retrouve ses habitudes naturelles : c'est un parvenu qui exhibe sa fortune.

Une scène caractéristique est celle où il doit s'habiller pour rencontrer le grand patron (Big Boy). Il a beau être extrêmement bien mis, il n'est pas satisfait : avec un tel habit, il ne lui manque que le plateau et le torchon pour servir, pense-t-il. Mais il prend le temps de s'admirer dans un immense miroir en pied, de s'habituer à se voir dans des habits aussi classe.

Autre élément de ce narcissisme exacerbé : sa dernière rencontre avec Pete Montana, dans laquelle il lui fait remarquer que lui aussi sait avoir de la classe. Quelque temps après, on peut voir qu'il a adopté un autre élément de l'allure de Montana (une espèce de broche ronde).

Et puis il a une très belle montre...

Alors quand la déchéance arrive, Rico n'est plus que l'ombre de lui-même : mal rasé, vêtements en loque, allure pitoyable, alcool (lui qui se targuait de ne pas y toucher ). Il est retourné d'où il vient, tout en bas. « Dans le caniveau », nous dit-on.

 

Et au milieu de tout ça, on trouve Joe Massara. Rico est un homme simple, primaire. Pas Joe. Joe est un homme torturé, pour qui le monde n'est pas dual. Rico est son ami, son presque frère. Mais il aime Olga (Glenda Farrell) et devra, à un moment choisir. Il est tiraillé entre son amour et son passé de gangster : on ne quitte pas une organisation criminelle autrement que les pieds devant. Dans ces conditions, Joe a-t-il vraiment le choix ?

De toute façon, Rico ne peut pas gagner, ne doit pas gagner. La morale de l'époque, et le tableau peu flatteur qui est dressé nous laissent présager, dès le début que sa fin sera brutale et rapide. Nous ne sommes donc pas déçus.

Mais avec certaine une ironie (cruelle pour lui) : pendant qu'il agonise dans la rue, Joe et Olga triomphent au cinéma, sur une affiche. Juste au-dessus...

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