Seul.
Bob Harris (Bill « Phil Connors » Murray) est seul ? Désespérément seul. Seul dans sa vie – et pourtant il est marié – seul dans Tokyo où il est venu tourner un spot publicitaire pour un whisky japonais.
Il rencontre Charlotte (Scarlett « Black Widow » Johansson), autre solitaire dans cette (trop) grande ville, venue accompagner son mari (Giovanni Ribisi) photographe.
Petit à petit, une histoire d’amour – platonique – va se créer entre ces deux solitaires complètement perdus loin de chez eux.
Quatre ans après son premier long métrage, Sofia Coppola (la fille de) revient au long métrage avec cette longue errance de deux inadaptés à une société et une culture à laquelle ils sont totalement étrangers.
Cette inadaptation est la plus flagrante chez Bob, et s’exprime clairement dans l’une des premières séquences : Bob est dans l’ascenseur, entouré de Japonais aussi silencieux que lui (normal, nous sommes dans un ascenseur) qu’il dépasse d’une bonne tête. Charlotte elle-même d’ailleurs lui reprochera légèrement sa grande taille (1,87m).
Mais la véritable inadaptation se traduit surtout par une impossibilité de vivre normalement dans ce pays si différent. Tous deux ne se font pas au décalage horaire, passant une partie de la nuit au bar ou en fête, et la nourriture, comme ne témoigne leurs impressions du repas qu’ils partagent au restaurant.
Et bien sûr, il y a la langue.
C’est une barrière presque physique qu’elle va instaurer dans les relations entre ce couple malgré lui et les autres. Alors que dans le même temps nous croisons deux autres Américains qui semblent tout à fait s’adapter dans cette vi(ll)e : John, le mari de Charlotte, et Kelly (Anna Faris) actrice en tournée de promotion de son dernier film.
Heureusement, il existe tout de même des Japonais qui parlent leur langue, mais es derniers sont très rares, et nos deux amis se retrouvent complètement perdus dans ce flot de paroles qui parfois expriment très peu de chose : la séquence où le réalisateur (Diamond Yukai) donne ses indications e tournage à Bob est très caractéristique de cette errance verbale.
En effet, alors que les explications sont infinies et semblent d’une précision redoutable, Miss Kawasaki (Akiko Takeshita) les traduits de manière fort lapidaire, amenant le doute dans l’esprit de Bob qui ne peut croire qu’il en ait si peu dit.
Cette séquence illustre très bien ce sentiment d’être perdu dans la traduction comme on pourrait traduire le texte.
Mais cette barrière linguistique s’exprime aussi dans d’autres situations que va vivre Bob – et dans une moindre mesure Charlotte (à l’hôpital) – étant pris à partie dans des discussions – en fête, à l’hôpital – et essayant de s’accrocher désespérément à une quelconque sonorité familière.
Mais cette incompréhension s’accentue encore plus quand il est reçu par un animateur de télévision (Takashi Fujii) à succès, livrant alors une prestation des plus pathétiques, alors qu’il montre clairement qu’il regrette d’avoir prolongé son séjour pour ça…
Bref, c’est une magnifique errance de deux solitaires qui se trouvent dans une ville trop grande, perdus dans une société qu’ils ne comprennent pas où se côtoient le Japon classique (là où déambule Charlotte) et le moderne (l’environnement de Bob), mais avec toutefois cette étincelle de bonheur que représente leur rencontre.
Le tout magnifiquement cadré par Lance Acord, qui participera au film suivant de Sofia Coppola, Marie-Antoinette.