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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Comédie dramatique, #Patrick Bouchitey
Lune froide (Patrick Bouchitey, 1991)

Ca commence par une redondance : « Lune froide ». La lune étant l’astre de la nuit, c’est à tout sauf à la chaleur qu’elle nous fait penser.

Ensuite, c’est un nouveau voyage au bout de la nuit qui nous est proposé, l’errance de deux personnages singuliers, Dédé (Patrick Bouchitey) et Simon (Jean-François Stévenin), quelque part entre ciel et mer.

Mais si c’est un voyage, ce n’en est pas pour autant un road movie : si Dédé et Simon se déplace, ce n’est pas beaucoup, mais surtout, entre le début et la fin, il n’y a pas d’évolution.

Paumés ils ont commencé, paumés ils resteront.

 

Scandaleux à sa sortie, culte auprès des aficionados de Bukowski, Lune froide est un film qui ne laisse pas indifférent. C’est, d’une certaine façon, une claque (1) que le spectateur reçoit. Et comme toute claque, elle a un impact, positif ou négatif. Certes, Bouchitey et Jackie Berroyer (le curé) ne font pas dans la dentelle quand ils adaptent le court-métrage du premier pour en faire un long. On pourrait dire que tout est évoqué : la vie, la mort, les femmes, le sexe, le handicap, la famille, la religion… « Name it, we’ve got it ! » disait une enseigne britannique.

Mais pour chacun des éléments, les deux scénaristes ont tendance à les exploiter jusqu’au bout, ou tout du moins, jusqu’à l’insupportable. Ou presque !

On comprend facilement que certains spectateurs venus voir le film du « père Aubergé » aient été décontenancés par cette errance qui flirte (et plus si affinités) avec le sacrilège : entre la dégustation du vin de messe (2) sur place dans le calice consacré et le vol de cadavre et ce qu’il s’en suit, on peut comprendre que certain€s furent choqué(e)s.

 

Quoi qu’il en soit, Patrick Bouchitey s’en tire avec les honneurs : son film, servi par un très beau noir et blanc, justifie pleinement son titre.

Même si le soleil brille et chauffe, et que le bois brûle facilement, à aucun moment on ne ressent de la chaleur. Tout est à l’image de cette lune qui prend son essor : blafard et froid.

La seule chaleur qui pourrait se dégager, c’est celle de l’amitié entre ces deux hommes aussi paumés l’un que l’autre, avec un très léger avantage pour Dédé.

Ce sont deux pauvres types qui se sont rencontrés et qui ne se quitteront jamais. Un vieux couple qui n’est pas marié et qui se dispute, sans que cela remette en question leur relation.

 

D’ailleurs, c’est la seule forme d’amour qui nous est proposée, que cette relation platonique entre les deux hommes. Il ne sont rien l’un sans l’autre comme le démontre leur (très courte) rupture. Le premier signe de cette relation un tantinet fusionnelle, c’est quand Simon débauche et qu’il retrouve Dédé endormi sur un chariot de transport. Bien sûr, suite à la visite chez la tante de Simon (Marie Mergey), nous assistons à une vraie scène de ménage qui va nous confirmer la force du lien qui unit les deux hommes. Et la réconciliation est d’autant plus forte qu’elle n’est pas démonstrative : comme s’il ne s’était rien passé pendant quelques heures…

 

Bref, un film atypique comme on en trouve beaucoup chez les acteurs qui passent de l’autre côté du miroir (ou de la caméra). C’est fort, c’est sobre, c’est sordide, c’est drôle… C’est tout ce que vous voulez et tout le reste à la fois : la vie.

 

Parce que le cinéma, c’est aussi la vie.

 

  1. Elément récurrent du film
  2. « Du rouge ou du blanc ? » (Dédé)

 

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