Mabel (Normand) va passer l’après-midi à la plage avec ses amies et leur présente à cette occasion son fiancé, l’imposant Fatty (Roscoe Arbuckle). Mais ce qui aurait dû être une après-midi agréable devient un calvaire après la rencontre de l’irrésistible (du moins le croit-il) Handsom Harry (Charles Inslee). Ce dernier va tout faire, par jalousie, pour séparer les amoureux, lâchant même un ballon (pas beaucoup dirigeable) dans l’air avec la jeune femme dedans.
Heureusement, Fatty va la sauver, avec l’aide (pas toujours très efficace) des Keystone Cops !
Nous sommes chez Mack Sennett, et comme d’habitude, tout va très vite : tout doit aller très vite. Et comme il a réuni deux des plus grandes vedettes de l’époque (1), le spectacle attendu est là et bien là. On retrouve la fraîcheur de Mabel, ainsi que sa force de caractère et dans le même temps, la carrure imposante d’Arbuckle qui ne l’empêche pas « tomber » les filles. Et cet embonpoint caractéristique est une source de gags : trop gros, il fait s’effondrer un guéridon sur lequel il comptait s’asseoir ; dans la séquence finale, il fait rebondir Mabel sur son ventre pour la remettre de face…
Bref, Arbuckle, s’il n’apparaît pas tout de suite sur l’écran, prend toute la place une fois qu’il s’est montré. Et le jeu tout en subtilité de Mabel Normand s’accorde parfaitement avec celui de cet immense acteur (au sens propre comme au figuré !).
Et bien sûr, cette intrigue maritime permet à Sennett de placer quelques jolies jeunes femmes, dont Mabel qui exhibe en ombres chinoises certaines de ses formes, pour le plus grand plaisir de ce voyeur de Handsome Harry.
Et évidemment, nous retrouvons les inévitables policiers, véritable marque de fabrique du studio Keystone : ils sont cinq, toujours excités et peu efficaces. Il faut s’y reprendre à plusieurs fois pour faire atterrir Mabel. Et chaque occasion offerte les voit sur leur fondement. S’ils n’aidaient pas (un peu) Fatty à redescendre la belle, on pourrait même douter de leur utilité !
Quoi qu’il en soit, on s’amuse beaucoup de cette aventure improbable mais on se dit tout de même qu’un peu de calme n’aurait pas nui au film, mais il n’y a qu’une bobine (10 minutes) et il faut s tenir à ce métrage.
Dommage, surtout que Roscoe Arbuckle avait une délicatesse aussi grande que son ventre, c’est dire !
Signe des temps : le titre original a plus tard été changé en Fatty & the bathing Beauties (Fatty et les jolies baigneuses). Roscoe Arbuckle avait pris une plus grande place auprès du public que Mabel, et devenait de ce fait plus vendeur…
- Chaplin et Keaton ne sont pas encore connus.