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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Aljandro Amenabar, #Drame

23 août 1968. Ramon plonge. Mais il n’y a plus assez d’eau. Alors évidemment, c’est l’accident. On le tire de l’eau. Hélas.

Vingt-neuf ans après, il désire toujours mourir. Vingt-neuf ans de lit, avec deux positions : sur le dos ou sur le côté, vers la fenêtre et le panorama.

Pour le reste ? Rien. C’est sa famille qui s’en charge : nourri, lavé, rasé… Mais pas de sensation.

Alors pas étonnant qu’il veuille en finir. Mais si on a le droit de vivre, on n’a pas beaucoup le droit de mourir librement…

Ce film, ce sont les deux dernières années de vie de Ramón Sampedro, comment il en arriva au geste final, celui de sa libération.

Mais surtout, c’est un film sur la vie. Parce que c’est la vie elle-même, ce qu’elle représente, qui est la véritable raison du choix de Ramón.

Alors on vit avec Ramón, et on espère que ce sera possible. Mais à chaque fois, c’est non. Légalement, d’abord, puis à travers une avocate qui n’y arrivera pas non plus. Et l’envie reste. Et pour une fois, dans un film, on souhaite la mort du héros.

Et ce héros, c’est Javier Bardem. Tout en nuance et méconnaissable, nous sommes loin du tueur psychopathe de No Country for old men.

Javier Bardem est formidablement humain. Ce n’est pas parce qu’il est tétraplégique qu’il n’en est pas désagréable. Il était un jeune homme plein de promesses qui, un jour, n’a pas eu les idées claires et l’a payé toute sa vie. Mais s’il est immobilisé, cela ne l’empêche pas de rêver et de désirer. Alors il rêve qu’il assouvit ses désirs. Et la limite est tellement ténue entre ses fantasmes et son immobilité, que le changement se fait naturellement : il se lève, s’élance, s’envole, et se réveille… Dans les bras de l’avocate qu’il désirait.

Ce large (« mar adentro »), c’est cette mer vers laquelle il se réfugie et vit pleinement ses rêves. Comme il le dit, cette mer lui a apporté la vie, mais la lui a reprise…

A travers cette histoire, c’est l’euthanasie qui est le véritable enjeu du film. Cette possibilité d’être aidé pour mourir, quand on ne peut plus le faire soi-même. Et quand Ramon y parvient, alors la libération est partagée. Pour tant, s’il y a beaucoup d’émotion dans ce film, on ne trouve aucune pitié. Aucune pitié de Ramón pour lui-même, quant à celle des autres, de toute façon, il n’en veut pas. Dans sa maison, seuls son père et son frère sont contre. Le père parce que ce n’est pas naturel de voir son fils partir en premier – surtout volontairement ; le frère pour des raisons d’ordre moral, un peu comme la Justice qui refuse de l’écouter.

Mais quel bel argument que ce film d’Alejandro Amenabar. Malgré tout, il y aura toujours des gens qui objecteront que « la vie ne nous appartient pas (etc) ».

Peu importe, le choix de Ramón est assumé, et tellement grand.

On n’est pas triste pour Ramón, mais pour Julia, qui est restée.

Deux singularités pour ce film : contre toute attente, aucune vraie photo de Ramón à la fin du film, comme souvent dans un biopic ; la mort de Ramón est filmée, jusqu’au bout, sans ellipse…

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