Dick Miller, Kevin McCarthy, une histoire absolument improbable (quoi que…) avec de superbes effets spéciaux… Pas de doute, nous sommes chez Joe Dante !
Cette fois-ci, Dante revient dans la réalité et nous propose même un pan de l’histoire moderne américaine : la Crise des missiles de Cuba.
On a alors droit aux archives montrant l’escalade qui a mené à cette crise, avec l’intervention de JFK annonçant un nouveau pas de franchi dans la crise.
Dante nous montre aussi une certaine réalité qui a eu lieu, et pas seulement aux Etats-Unis. Ce sont les supermarchés prix d’assaut par des clients qui ne sont plus partageurs, et une paranoïa grandissante avec repli dans un abri antiatomique.
Nous sommes cette fois-ci donc dans la réalité.
Mais si tel était vraiment le cas, nous ne serions plus chez Joe Dante.
A cette réalité fort bien reconstituée s’ajoute un élément très important amenant une très belle mise en abime : le cinéma. Et surtout le dernier film du producteur-réalisateur Lawrence Woolsey (John Goodman - est-il besoin de préciser qu’il est formidable ?), un compromis entre William Castle, réalisateur de série B et des lettres suivantes, et Orson Welles pour la présentation du film et surtout son immense cigare. C’est d’ailleurs ce cigare qui le fait reconnaître par un jeune pompiste à son grand dam (1)…
Nous allons donc assister à un film dans le film le tout dans un décor pré-apocalyptique dû à cette fameuse crise de Cuba. Et comme si ça ne suffisait pas, on a droit, à un moment, à un film dans le film du film. Vous me suivez (1) ?
Par contre, les personnages principaux sont avant tout des enfants (15-16 ans, l’âge qu’avait Joe Dante à cette même époque…). C’est leur point de vue qui mène l’intrigue, malgré les interventions de Woolsey (John Goodman est en tête du générique, ne l’oublions pas). Et surtout, c’est une histoire d’amour. On trouve de l’amour chez les adultes, mais surtout chez ces enfants qui vivent peut-être leurs derniers instants. Il faut dire que le procédé de Woolsey joue un très grand rôle dans l’intrigue : ce procédé permet aux spectateurs de ressentir les mêmes sensations (physiques) que les protagonistes du film qu’ils sont venus voir, avec en prime un complice déguisé en Mant (l’homme-fourmi, titre du film) qui intervient dans la salle aux moments opportuns (1).
Car c’est l’adéquation entre le film projeté et la situation réellement vécue par les spectateurs qui fait tout le sel du film, avec de très jeunes acteurs qui jouent avec beaucoup de justesse : Simon Fenton (Gene), Lisa Jakub (Sandra), Kellie Martin (Sherry) et bien sûr Omri Katz (Stan).
Il est bien dommage que ce film sortît à la fin du mois de juillet en France. EN effet, cette date n’est pas très propice aux succès : les gens sont en vacances et vont beaucoup moins au cinéma. Ce film méritait une sortie plus « médiatique », et il suffit de voir comment il est perçu de nos jours, ce qui n’est finalement que justice.
Encore une fois, le traducteur nous a un peu floués, le titre original – Matinee (2) – se référant complètement à l’intrigue dans le cinéma, alors que Panic (pourquoi en anglais ?) sur Florida Beach est beaucoup plus vague et finalement un tantinet racoleur, non ?
PS : Parmi ceux que j’ai oubliés, Robert Picardo, toujours fidèle au poste depuis L’Aventure intérieure, et une petite nouvelle qui va bientôt s’épanouir : la belle Naomi Watts.
(1) Voyez-le : vous comprendrez.
(2) malgré son vocable, il s’agit d’une séance de spectacle en après-midi.