Danny Dolan (Spencer Tracy) est policier, sur les quais. Un jour il tire un poivrot de l’au et est promu détective. Le voilà à la poursuite de gangsters (marchandise très répandue à cette époque).
Dans le même temps, il poursuit de ses assiduités la belle Helen Riley (Joan Bennett) qui sert là où il a ses habitudes. Cette dernière a une sœur, Kate (Marion Burns). Et cette sœur vient de se marier. Avant, elle aimait Duke Castenega (George Walsh, le frère de). Mais ça, c’était avant. Pourtant, quand ce dernier s’évade de prison, elle le cache dans son grenier, attendant un prochain coup.
Bien entendu, Danny et Duke vont se retrouver face à face : c’est toujours comme ça entre les gangsters et les policiers.
Bien sûr, ce film s’inscrit dans la vague de films de gangsters inaugurée par Underworld cinq ans plus tôt. Et Walsh est à son aise dans ce milieu, même si ce n’est pas l’intrigue policière qui l’intéresse le plus (et nous aussi par la même occasion). Le titre Moi et ma nana (1) va centrer l’intrigue sur les rapports entre Danny et Helen : tendus voire inamicaux au début jusqu’au mariage attendu (2).
Et tout le monde s’amuse de cette relation évolutive : Walsh le premier, utilisant même le monologue intérieur quand Danny va se déclarer – piteusement - : chacun énonce quelque chose qu’il/elle va plus ou moins infirmer intérieurement (3). Et cette séquence trouvera sa résolution au café quelques temps plus tard quand Danny va demander sa main : on est dans la même verve comique, habituelle chez Walsh.
Mais les gangsters ne prennent pas de vacances et se rappellent à notre bon souvenir, amenant un écueil dans la relation entre nos deux amoureux : Kate héberge Duke, et Helen le sait, mais le cache à son « fiancé ». Mais comme nous sommes avant tout dans une comédie, tout se terminera bien pour eux, et le « méchant » sera châtié. On notera l’ironie de Walsh dans le fait que ce méchant n’est autre que son frère !
Autre élément comiques du film : les ivrognes. Et surtout Will Stanton qui va tout déclencher et amener la promotion de Danny. Bien que nous soyons en pleine Prohibition, l’alcool a tendance à couler à flot comme on peut le voir au mariage de Kate. Mais si le Volstead Act est effectif, à aucun moment un policier n’empêche quelqu’un de boire ni le verbalise. On dira qu’on est en 1918…
Et puis Walsh s’est entouré de quelques gloires du muet dont plusieurs éléments eux aussi comiques : J. Farrell McDonald, bien sûr, qui rappelle qu’il a tourné chez Ford le même genre de personnage truculent. Il n’est d’ailleurs que très partiellement concerné par l’intrigue : deux fois il se tourne ostensiblement vers le spectateur, jouant la carte de la connivence.
On trouve aussi Hank Mann qui était l’an passé l’autre boxeur dans City Lights, et Billy Evan, et Ralph Sipperly… Sans oublier le fidèle James A. Marcus, un habitué chez Walsh.
C’est tout un microcosme burlesque qui gravite autour du café, véritable pendant comique de cette intrigue policière qui finira mal (vous devinez pour qui).
Bref, Walsh est en pleine forme pour ce nouveau film de gangsters, véritable transition vers d’autres films du même genre beaucoup moins comiques : The roaring Twenties, White Heat…
- « Gal » est une déformation phonétique de « Girl », comme on prononce dans le milieu.
- Non, je ne « spoile » rien : n’importe qui comprend instantanément qu’ils vont finir ensemble ces deux-là !
- Helen : « Il m’a embrassé. Je suis tellement heureuse, mais je vais faire semblant d’être en colère. »