On ferme !
Barry Levinson termine sa trilogie par le seul élément de science fiction qu’il n’avait pas utilisé dans les épisodes précédents : le voyage dans le temps.
Tout ça parce que en 1969, K (Josh Brolin) s’est contenté d’arrêter Boris l’Animal (Jemaine Clement, « juste » Jemaine Clement).
En effet, Boris s’évaderait en 2011 (14 ans après MIB) et repartirait tuer K dans le passé, laissant l’agent J (Will Smith) orphelin de son partenaire, K (Tommy Lee Jones).
Vous me suivez ?
[Oui, je sais, c’est bancal. En effet, si K meurt en 1969, alors J ne peut pas avoir été enrôlé par lui, et donc il ne peut pas être un MIB…
Je vous réponds ceci : « Et alors ? Tant qu’on s’amuse, qu’est-ce que ça peut faire ? Et puis si les MIB reflétaient la réalité, quel serait leur intérêt ?
Voilà, c’est dit, reprenons.]
Barry Sonnenfeld (autre magicien du cinéma) nous propose donc un film basé sur le paradoxe temporel, mais bien entendu avec humour, comme il sait le faire. On voyage donc avec J dans le temps vers cette année (érotique pour Gainsbourg et Birkin) où l’homme a mis le pied sur la Lune. Ce déplacement dans le continuum espace-temps (1) amène aussi un instantané de New York à la fin des 1960s, avec tenue et comportement adéquat, et surtout un plongeon dans la Factory d’Andy Warhol (Bill Hader), véritable repère à ciel ouvert d’extra-terrestres en tous genres (2).
Mais plus qu’un voyage dans le temps, c’est une belle conclusion qui nous est proposée ici. En effet, les rapports froids entre K et J (surtout dans ce sens) – qui sont a priori les mêmes entre les autres, si vous écoutez attentivement l’éloge funèbre de Z par ce même K – prennent une autre dimension quand K disparaît (physiquement, rappelez-vous, « Juste » Boris l’a tué).
Et ce voyage dans le temps n’est pas seulement la recherche d’un partenaire mais plus d’un ami, voire d’un père de substitution : rappelez-vous la fin du premier opus : K se contentait de former un remplaçant.
Et cette quête nous permet de voir que Josh Brolin imite très bien Tommy Lee Jones (les rides en moins, mais c’est normal, il est (dans le film) 40 ans plus jeune !
On a aussi un bel aperçu des intérieurs américains – qui n’ont rien à envier aux européens – avec leurs tapisseries qui piquent les yeux (3).
Mais si on regarde bien, on peut reconnaître Barry Sonnenfeld, dans un canapé avec une femme, qui regarde le départ de la célèbre fusée Apollo XI.
Alors peut-être trouverez-vous que cet épisode est mièvre et ne donne pas autant la place aux ET que les précédents (on ne voit pas mes préférés : les bâtonnets sur pattes), mais il me semble plus sage d’avoir terminé sur cette note. En effet, la fin relève plus de l’émotion – les enjeux l’amènent – mais malgré tout, la vie continue, et les MIB avec elle, protégeant le monde et les humains sans que ceux-ci s’en doutent.
C’est leur boulot, on a bien compris, et le reste n’a plus d’importance.
Quoi que…
A chaque fin des deux premiers films, on terminait sur un zoom-travelling arrière à grande échelle qui nous faisait paraître, nous les terriens égocentriques, comme une quantité extrêmement négligeable du grand Tout (comme disait mon prof de philo). Cette fois-ci, c’est le contraire qui conclut.
Juste retour des choses, non ?
(1) J’aime bien Retour vers le Futur, aussi…
(2) Bien entendu, on y entend le Velvet Underground.
(3) Ceux qui, comme moi, ont vécu les années ’70s s’en souviennent…