Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Charles Chaplin, #Comédie dramatique
Monsieur Verdoux (Charles Chaplin, 1947)

Monsieur Verdoux (Charles Chaplin) est antiquaire à Paris. Il vit à la campagne avec sa femme (Moda Correll) et son fils Peter (Allison Rodan). Enfin, ça c’est sa véritable identité, parce qu’en même temps, il est aussi Monsieur Varnay, monsieur Floray et même le capitaine Bonheur.

Chacun de ses personnages doit régulièrement se déplacer pour son travail, ce qui fait qu’il peut vivre différentes identités en même temps, et surtout s’enrichir.

J’oubliais : en trois ans, il a tué quatorze femmes qu’il avait épousées pour leur argent…

 

C’est après une discussion avec Orson Welles que Chaplin a décidé de réaliser ce film. Welles sera presque gêné de voir son nom au générique, lui ayant suggéré de faire un film sur Henri Désiré Landru, tueur de femmes français qui a été exécuté 25 ans avant la sortie du film.

On retrouve d’ailleurs certains détails du modus operandi du terrible Barbe-Bleue français et son incinérateur qui lui permettait de se débarrasser définitivement des cadavres des femmes qu’il avait tuées.

 

Nous sommes à un tournant dans l’œuvre de Chaplin. Après un Dictateur un tantinet décevant, il abandonne définitivement le vagabond pour un personnage totalement parlant. Mais Chaplin étant Chaplin, il ne peut résister à intégrer certains ressorts du cinéma muet ou certaines attitudes qui rappellent énormément ce petit personnage sympathique et inadapté à la vie en société.

De plus, Verdoux lui aussi n’est pas adapté à cette société post-crise de 1929 (l’action commence en 1932), remercié (1) après plus de trente ans de bons et loyaux services dans une banque.

 

Et surtout, Chaplin développe ici un personnage rempli d’amertume et très cynique, peu habituel pour les spectateurs.

Certes, on reste dans la comédie, mais elle est bien acide, e(t encore une fois, la fin n’est pas favorable au héros.

Mais Verdoux est aussi un prétexte pour continuer à faire passer le message pacifique qu’il avait commencé à formuler à la fin du Dictateur. Alors que le petit barbier, grimé en Adenoid Hynkel portait un message d’espoir pour le monde, Verdoux agit en réaction contre la guerre qui s’est terminée deux ans plus tôt (2).

Et encore une fois, c’est à la fin du film que nous avons ce discours, les dernières déclarations d’un accusé avant le verdict fatal attendu.

 

Bien sûr, un tel film fut un colossal échec : le public ne retrouvait pas les éléments comiques habituels, mais surtout, traiter cette histoire de manière humoristique n’était pas vraiment dans l’ère du temps, tout comme la critique à demi-mots des marchands de canons difficile à entendre.

Mais surtout, le message universaliste de Chaplin a eu du mal à passer aux Etats-Unis (où fut produit et tourné le film) : la guerre froide venait de commencer, et d’une certaine façon les ennuis du maître qui devra même s’exiler quelques années plus tard.

 

Mais ceci est une autre histoire…

 

 

PS : Bien que se situant en France, les différents éléments officiels (mariage, procès…) sont calqués sur le modèle américain. En effet, on n’imagine aucun couple se mariant seulement religieusement (interdit) et surtout que le prêtre se déplace chez eux…

 

  1. Licencié, mais le terme remercié ajoute une dose d’hypocrisie dans une pratique patronale peu respectueuse des travailleurs.
  2. Bien que l’action se situe dans les années 1930s, le propos découle de cette guerre qui vient de se terminer : le nombre vertigineux des victimes justifiant à lui seul la diatribe contre les vendeurs d’armes et les différents chefs d’états impliqués dans cette guerre.
Commenter cet article

Articles récents

Hébergé par Overblog