Après un Espion qui m’aimait de facture plutôt honnête, Lewis Gilbert retourne à la case départ et nous propose un nouvel épisode de l’espion le plus célèbre du cinéma plutôt dans la lignée de l’Homme au pistolet d’or. Hélas.
Certes, on y retrouve avec un certain plaisir le terrible Jaws (Richard Kiel) et son sourire fatal (dans tous les sens du terme).
Mais même ces retrouvailles font long feu et on s’ennuie rapidement dans une série d’aventure des plus improbables et surtout au service d’une intrigue tellement minimale qu’on en arrive à se demander le pourquoi du comment de certains éléments.
Mais je pense que les aficionados de l’agent britannique ont été fort étonnés de voir sortir ce film : à la fin du précédent opus, on nous annonçait l’épisode suivant : For your Eyes only.
De plus, si le titre est bien celui d’un ouvrage de Fleming, il n’est plus question de balistique mais plutôt d’une aventure spatiale. Il faut dire que l’année de The Spy who loved me sont sortis deux films-clés sur l’espace : Close Encounters of the third kind (16-11) et surtout Starwars (25-5) !
Dès lors, l’idée (mauvaise) fut de donner une teinte spatiale aux aventures de notre James préféré.
Chose étonnante, le film, malgré sa médiocrité, fut un carton. Mais si on revoit avec plaisir les deux autres films de 1977, il est de plus en plus pénible de visionner celui-ci. Outre l’intrigue, les effets spéciaux – qui furent pourtant sélectionnés pour la course aux Oscars (1) – supportent plutôt mal le passage du temps et ce qu’on pouvait accepter à Lucas ou encore Ridley Scott pour son Alien cette même année 1979 – le bruit dans l’espace – ne passe pas du tout ici.
Quant à l’intrigue amoureuse de notre ami Jaws, je préfère ne pas en parler.
En ce qui concerne le cahier des charges de la série, on assiste à un remplissage en règle des plus indigent : les rapports entre Bond et Moneypenny (Lois Maxwell, encore là) sont réduits au minimum, tout comme les interventions de Q et son équipe dans un étrange monastère.
Nous avons droit à des poursuites, comme d’habitude, mais aucune en voiture et surtout une resucée de la poursuite dans les bayous de Live and let die (première apparition de Roger Moore dans la série).
La réplique figure aussi dans la liste des impondérables et les James Bond girls sont toujours aussi charmantes.
Notons aussi que c’est la dernière apparition de Bernard Lee dans le rôle de M puisqu’il s’éteint six mois avant la sortie de l’épisode suivant.
Bref, pas de quoi casser trois pattes à un canard.
Une dernière chose enfin : l’un des assistants du réalisateur, qui réalisa aussi le montage est John Glen qui va prendre en main les cinq épisodes suivants de la série.
(1) Je sais, ce n’est pas toujours une référence : Chaplin n’eut qu’une seule statuette, et encore, ce fut seulement pour l’ensemble de son œuvre…