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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Muet, #Drame, #Lon Chaney
Monsieur Wu (Mr. Wu - William Nigh, 1927)

Il y a deux monsieur Wu : le père (Lon Chaney), mandarin réputé et respecté, et son fils (Lon Chaney), autre mandarin qui succède à son père après avoir bénéficié d’une éducation mixte auprès de Mr. Muir (Claude King).

Le fils s’est marié à la fille d’un autre mandarin (Toshia Mori) mais elle est morte prématurément, lui laissant une fille, elle aussi belle comme le jour : Nang Ping (Renée Adorée).

Comme le veut la tradition, Nang Ping doit bientôt épouser son futur mari (qu’elle ne connaît pas). Mais Nang Ping, par hasard, fait la connaissance de Basil Gregory (Ralph Forbes). Ils tombent amoureux et se promettent un avenir commun.

Mais ça, ce n’est pas possible : Mr. Wu veille et doit empêcher qu’une telle chose se fasse.

 

Nous sommes en 1927, et même William Nigh nous le rappelle : son film est d’une facture technique très honorable, avec en prime « l’homme aux 1000 visages », Lon Chaney. Cinq ans après le phénoménal Shadows, il nous revient dans un rôle d’Asiatique emblématique : Mr. Wu. S’il a des ressemblances avec Yen Sin – je parle du fils – c’est surtout le père qu’on retient, dans une courte séquence qui le voit pronostiquer sa disparition. C’est un très vieux mandarin qu’il interprète, grimé à l’occasion, avec moustache tombante et barbe fine sans oublier les inévitables ongles démesurés. Encore une fois : phénoménal.

 

Parce que nous sommes dans un de ces films exotiques qui n’est pas sans rappeler Mme Butterfly sur certains aspects, mais dans une Chine éternelle et un tantinet stéréotypée. Encore une fois, nous retrouvons un thème sociétal cher aux Américains : la rencontre entre l’Est et l’Ouest. Et encore une fois, cette rencontre conduit à une tragédie, empêchant un quelconque rapprochement.

C’est à nouveau le décalage culturel entre ces deux mondes qui explique cet échec. Les deux enfants – Nang Ping & Basil – qui pourtant représentent l’avenir des deux familles sont les victimes des préjugés et autres conventions.

D’un côté la tradition oblige Wu à marier sa fille à un inconnu (de bonne famille, cela va de soi), empêchant le bonheur des deux jeunes gens ; de l’autre, les préjugés – avec racisme – du père de Basil (Holmes Herbert) ainsi que les réflexions de sa mère (Louise Dresser) nous font comprendre ainsi qu’à Nang Ping qu’elle ne doit pas se faire d’illusion.

Bref, même si l’amour ne connaît pas de frontière, la situation le rappelle à la raison : les deux amoureux ne finiront pas ensemble. (1)

 

Si nous sommes dans une Chine d’opérette, on ne peut tout de même pas nier le soin mis dans les décors et les costumes, et ceux de Mr. Wu, surtout : jusque dans le blanc qu’il porte pour marquer le deuil. Rien n’est laissé au hasard, jusqu’au jardin (japonais ?) qui voit s’aimer les deux jeunes gens. Certes, Renée Adorée a les yeux beaucoup trop clairs pour être pleinement chinoise, mais son jeu pallie cette difficulté. Anna May Wong (Loo Song, sa demoiselle de compagnie) aurait été certainement plus crédible, mais n’aurait peut-être pas transmis les mêmes émotions.

Quant à Chaney, il est encore une fois impeccable, troquant temporairement son regard mauvais – ça ne dure pas, rassurez-vous – contre un bienveillant, jusqu’au point de non retour. Là, il redevient tel que nous le connaissons, avec toujours cette méchanceté dans le regard qui a fait son succès.

Bien sûr, lui non plus n’est pas asiatique, mais encore une fois, le maquillage est performant, et il est un Mr. Wu plus chinois que l’original.

 

Alors on savoure…

 

  1. N’oublions pas que les mariages mixtes ne sont pas très bien vus pour une grande majorité de la population américaine de l’époque… Et pas seulement dans le Sud.
Lon Chaney & Claude King

Lon Chaney & Claude King

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