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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Documentaire, #Docu-Fiction, #Jean-Jacques Annaud
Notre-Dame brûle (Jean-Jacques Annaud, 2022)

Ca commence par une cigarette qu’on allume et que son propriétaire va consommer le temps d’arriver à son nouveau travail : Moumet (Oumar Diolo) est agent de sécurité-incendie à la cathédrale Notre-Dame. Il va passer la journée dans un petit bureau l’œil vissé sur le panneau électrique d’alerte incendie. Et bien entendu, l’alerte va s’activer. Mais pas comme il faudrait : « une fausse alerte », comme ils disent. Enfin c’est plutôt un dysfonctionnement parce que le feu s’est déclaré, suite à un court-circuit (comme dans La Tour infernale) et non une cigarette comme semblait l’annoncer la séquence d’ouverture.

Ensuite, c’est l’apocalypse. Huit siècles d’histoire qui partent (presque) en fumée, devant le regard fasciné et effaré des badauds, à Paris et ailleurs.

 

Encore une fois, c’est la faute à pas de chance : un court-circuit de rien du tout (un pigeon qui picore un câble et c’est une catastrophe effroyable, mais comme l’a senti Annaud dès le début : quel spectacle !

Et ce spectacle va être alimenté (comme le feu) par des plans de coupe qui s’attardent sur des détails (presque) dérisoires (sculpture sur une poutre qui se consume, eau sur une cloche…) qui vont émailler cette gigantesque et sublime catastrophe. Avec parfois un peu d’excès : la goutte d’eau qui tombe pile sous l’œil de la statue de Notre-Dame et qui la fait pleurer.

C’est absolument impressionnant et on ne peut que saluer l’exploit technique, se demandant à longueur de film : mais comment ont-ils fait. Et là, on est obligé de saluer le travail d’Adrien Durand (assistant au réalisateur) et Dominique Moisan et leur équipe qui ont en outre dû reconstruire une autre cathédrale à l’échelle, pour la faire brûler elle aussi !

 

Mais la véritable prouesse du film, c’est de combiner les images d’archives avec celles (re)créées pour les besoins du scénario, donnant une dimension très réaliste de l’événement. Et surtout de mettre en avant les « soldats du feu » : les seuls soldats acceptables parce que leur devoir, c’est avant tout de sauver des vies humaines.

Et là encore, le réalisme est de mise : les conditions infernales (le mot est on ne peut plus adéquat) rencontrées accentuent l’exploit de ces héros anonymes (1). A ce propos, L’Enfer au Paradis aurait été un sous-titre plutôt acceptable : du fait du télescopage des deux substantifs antithétiques et aussi parce que l’incendie se déclare tout là-haut… (1)

 

Et cette déclaration, qui va durer jusqu’à la première flamme visible, va occuper un peu plus de la première demi-heure du film, est à mon humble avis le meilleur moment du film, Annaud prenant le temps d’installer une tension qui ne va se dissiper qu’avec l’incendie, une fois que tout sera éteint. Bien sûr, la cigarette initiale est une fausse piste, tout comme celle de l’ouvrier sur l’échafaudage sous le sigle d’interdiction de fumer. D’ailleurs cette deuxième cigarette va amener la « fausse » alerte. Mais c’est la fumée qui va faire monter cette tension, à mesure qu’elle va se développer, grandir et s’épaissir : « il n’y a pas de fumée sans feu » répète-t-on à l’envi, et c’est ce que nous montre cette première demi-heure. Nous savons que le feu se développe, mais nous ne le voyons jamais. Et la première flamme qu’il nous est possible de voir va être une libération pour le spectateur, le véritable signal de cette catastrophe annoncée.

Ensuite, c’est le sauvetage de ce qui peut l’être : le trésor, bien sûr, mais aussi la structure qui aurait pu s’effondrer (3).

 

Et comme Notre-Dame n’est pas un monument anodin, on pense bien sûr à Hugo et aux différentes adaptations cinématographiques qui l’ont mise en valeur : on retrouve le plomb fondu qui s’évacue par les gargouilles, le clocher où Quasimodo vivait et vibrait… Et aussi d’une certaine façon un clin d’œil à un autre film d’Annaud où un autre haut lieu culturel brûlait déjà : Le Nom de la Rose.

 

  1. Bien sûr, ils ont tous un nom, mais ces noms se perdent dans l’esprit de corps véhiculé par cette institution prestigieuse.
  2. ♪ « Plus près de toi mon Dieu » ♫…
  3. Surtout si on avait écouté un président américain…
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