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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Muet, #Lillian Gish, #D.W. Griffith
Les deux Orphelines (Orphans of the Storm - David Wark Griffith, 1921)

Hollywood et la Révolution française, épisode 1.

C’est Griffith qui a commis la première adaptation de notre révolution. Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il n’a pas dû beaucoup se renseigner…

Ce ne sont que raccourcis et idées fausses, à des années-lumière de ce que proposera Ingram deux ans plus tard – Scaramouche (1923) – qui est aussi une drôle de réécriture de l’histoire de France.

 

Comme nous sommes chez Griffith, il y a tout d’abord le côté édifiant du film : nous allons assister à une démonstration, voire recevoir une leçon de vie – en l’occurrence de démocratie.

Et Griffith se donne les moyens pour y parvenir. C’est avant tout une grande fresque dans le sillage de Naissance d’une Nation ou Intolérance. Là encore, il manie la foule comme il sait si bien le faire, donnant une frénésie formidable à son propos.

Mais justement, c’est le propos qui pose problème :

  • La révolution française installe avec elle un système anarchiste et bolchevique
  • Robespierre est, par conséquent, un anarchiste doublé d’un bolchevique ;
  • C’est l’action de Danton qui amena la fin de la Terreur ;
  • La Carmagnole n’est plus une danse mais une attitude totalement irresponsable du peuple français, amenant tous les débordements anarchistes possibles…

Bref, nous assistons à la mise en place d’un chaos absolu qui sera contenu par le grand Danton, orateur des orateurs !

 

Mais laissons de côté cette Histoire (de France) et concentrons-nous sur celle du film.

Les deux orphelines (Lillian & Dorothy Gish) sont de fausses sœurs recueillies par les parents d’Henriette (Lillian). Mais Louise (Dorothy) est de haute extraction.
S’ensuit alors une succession de séparations entre les deux jeunes femmes, se perdant et se retrouvant sans cesse, jusqu’aux retrouvailles finales.

Mais c’est là que Griffith excelle – on ne peut pas être bon partout ! – et il nous propose une intrigue solide qui enchaîne avec brio ces séparations des deux sœurs. A chaque nouvelle retrouvaille suit un obstacle à leur bonheur, donnant au spectateur le plaisir d’admirer le jeu des sœurs Gish.

C’est leur dernier film pour Griffith : que de chemin parcouru depuis l’Ennemi invisible (1912) ! C’est aussi l’avant-dernier film qu’elles tournent ensemble (le dernier sera Romola d’Henry King, en 1924). Et, à l’instar des frères Barrymore dans Grand Hotel (1932), on sent une grande complicité, voire une grande tendresse entre elles. Les aventures tragiques qui arrivent à leurs personnages sont magnifiées par le lien réel qui les unissait.

C’est un véritable plaisir.

 

Une dernière chose à propos de cette fameuse Révolution : il ne faut pas oublier qu’à la même période (1920-21), la Russie (éternelle) est tombée sous le joug des hordes bolcheviques : cette révolution, et surtout les pratiques qu’elle engendrât, est la véritable cible de Griffith à travers ce film. Malheureusement pour la Révolution française – devenue donc un prétexte – elle a à souffrir des événements de l’Est. D’où l’assimilation de Robespierre et des comportements irraisonnés du peuple français.

 

Mais n’oublions jamais : c’est du cinéma !

 

Et comme c’est Griffith, il y a heureusement un sauvetage final, et comme toujours de dernière minute !

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