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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Michel Hazanavicius, #Espionnage
OSS 117 : Le Caire, Nid d'espions (Michel Hazanavicius, 2006)

Hubert Bonisseur de la Bath (Jean Dujardin) est un agent secret.

Enfin un agent pas si secret que ça puisque tout le monde sait qu’il se cache derrière son appellation administrative : OSS 117 (1).

Mais si le véritable OSS 117 est américain, Michel Hazanavicius en a fait un agent français voire franchouillard, véritable pilier de la Quatrième République (1946-1958) et soutien indéfectible de son président : René Coty (2).

OSS 117 est ancien combattant de la seconde guerre mondiale où il travailla en duo avec Jack Jefferson (Philippe Lefebvre), qui lui aussi deviendra membre de l’OSS.

Quand commence le film, OSS 117, en pleine mission récupère un pli important qu’il va porter à son chef (Claude Brosset), apprenant avec lui la mort de Jack en mission.

Hubert va donc reprendre l’enquête de son collègue et ami, au Caire.

 

Hubert Bonisseur de la Bath est avant tout un personnage de romans créé par Jean Bruce, et se trouve être l’aîné de James Bond, autre agent secret célèbre de cette longue guerre froide.

Si les romans de Bruce étaient très renseignés (normal, vu la branche), il ne s’agissait pas de parodies. On y trouvait (et trouve encore, 255 volumes entre 1949 et 1992) des aventures assez réalistes.

On a tous en tête les adaptations d’André Hunebelle, même si elle souffre d’un grand inconvénient : André Hunebelle lui-même. Sans parler de l’influence grandissante de James Bond à la même période (les années 1960).

 

Alors quand Michel Hazanavicius a repris ce personnage, on s’attendait à tout, sauf à ça !

C’est une parodie brillante des films de ce genre, où rien n’ »est sérieux, même si on reste dans un cadre très réaliste (3) : la Quatrième République. Nous sommes donc en 1955 : la France vient de perdre l’Indochine (4), et depuis quelques mois, l’Algérie s’est soulevée.

Bien sûr, Hubert est avant tout un patriote un tantinet chauvin au point de vue colonialiste fort douteux : pour lui, la colonisation a toujours été un bienfait pour les peuples colonisés (« exploités » semble plus juste), et il est étonnant qu’un président français, quelques années après la sortie du film, ait exprimé la même opinion à propos de ce rôle prétendument bénéfique. Mais passons.

 

Dès le générique de présentation, le film fleure bon les années 1950, avec ses images un peu passées et ses couleurs délavées. Le numérique accentue cette impression en offrant des panoramas débarrassés des constructions modernes de ces soixante dernières années.

Mais si les images ont été traitées afin de coller à 1955, la façon de filmer elle aussi nous ramène à cette période. On a droit plusieurs fois à ces discussions en voitures, avec incrustations dans les pare-brise arrières et les fenêtres latérales des voitures, ces incrustations d’images plus ou moins d’archives tranchant nettement avec l’aspect moderne voire fabriqué de l’habitacle de la voiture. C’est d’ailleurs aussi le cas lors d’une course effrénée en scooter.

 

Dès le début, on ne peut que penser à James Bond. Le ton des aventures, le côté séducteur du personnage (toutes les femmes se retournent à son passage), et l’aisance en toutes circonstances (5) en font un agent secret de premier ordre. EN plus de cette ressemblance, Michel Hazanavicius a pris le parti de filmer dans le même style (voir plus haut) que les aventures de JB dans les années 1960. On retrouve les mêmes teintes un peu uniformes de cette époque.

Mais si JB est avant tout un gentleman, Hubert lui, est un gros plouc. Outre ses opinions coloniales un tantinet réactionnaires, il se montre un hôte d’une bêtise crasse, ignorant des cultures autochtones et un visionnaire peu voire pas du tout éclairé. L’histoire du muezzin appelant à la prière est certainement le summum de cette bêtise.

La réplique qui le caractérise le mieux est énoncée – en VO – par le « fidèle » Slimane (Abdallah Moundy) : « Je me demande s’il est complètement con ou très intelligent ».

Ce n’est pas notre cas : notre opinion est déjà faite depuis longtemps.

 

Mais si le film fonctionne aussi bien, c’est, outre le ton parodique assumé et un tantinet outrancier (6), c’est aussi par le jeu d’acteurs, servis par un dialogue de Jean-François Halin qui n’a rien à envier à Michel Audiard. Certaines répliquesétant en passe de devenir cultes (« Alors infidèle, on part sans dire au-revoir ? »)

Bérénice Bejo est toute en nuances, mettant en valeur un personnage sans cesse rabaissé par Hubert : Larmina est autrement plus valeureuse que ce crétin bouffi d’orgueil.

Aure Atika est une ennemie récurrente dans le film, véritable pendant féminin d’Hubert, tout de même plus intelligente que lui : mais qui ne l’est pas ? Pelletier (François Damiens) ?

Nous trouvons aussi un méchant sadique en la personne de Moeller (Richard Sammel), l’Allemand de service.

Bref, des personnages stéréotypés mais indispensables au comique du film.

 

En conclusion : un film formidable, même pour ceux qui n’aiment pas la blanquette (7).

 

 

  1. Office Strategic Services, future CIA.
  2. Qui apparaît bien involontairement par ailleurs…
  3. Le seul point commun, outre le personnage, avec les romans.
  4. Disons plutôt : les Indochinois ont récupéré leur pays.
  5. L’hommage à Dalida, chanteuse avant tout égyptienne est un autre grand moment.
  6. Condition sine qua non
  7. Qui est bonne, cela va de soi.
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