Peggy Sue (Kathleen Turner) s’est mariée. Avec Charlie Bodell (Nicolas Cage). Elle a une fille Beth (Helen Hunt). Mais le mariage est dans une impasse : il est même question de divorcer. Mais ce soir, Peggy veut se changer les idées : elle est invitée aux 25 ans de sa promo. Accompagnée de sa fille, elle y va et retrouve celles qui furent ses grandes amies, et les autres : les types sympas – Richard Norvick (Ben Miller) – comme les gros lourds – Walter Getz (Jim Carrey) ou Doug Snell (Don Stark). Et vingt-cinq ans après, Peggy Sue est à nouveau la reine de la soirée.
Au moment de recevoir son prix, elle s’évanouit. Et quand elle se réveille, c’est à nouveau 1960…
Bien sûr, on pense à Retour vers le Futur, sorti l’année précédente. Mais à la différence du film de Zemeckis, celui de Coppola est beaucoup plus noir. Pourtant, les points communs ne manquent pas : les voitures, l’habillement et la musique sont ceux de 1960, et les mœurs ne sont pas plus avancées. Et surtout, la plupart des éléments comiques qui faisaient le sel du film de Zemeckis ont été gommés, laissant place à une situation un tantinet anxiogène, surtout pour cette femme projetée sans ménagement ni avertissement vingt-cinq ans en arrière.
Oui, certains éléments font sourire – la chanson écrite pour Charlie qu’il ne peut s’empêcher de transformer – mais dans l’ensemble, c’est le sérieux qui l’emporte.
Alors que Marty McFLy est un ado du même âge que ses parents qu’il retrouve dans le passé, Peggy Sue, elle, est une femme qui a déjà vécu beaucoup de choses, dont l’enfantement qui est une constante dans ses regrets de ne pouvoir revenir à son époque. Et quand l’occasion de changer son avenir – son présent ? – elle refuse et fuit, assumant pleinement ses choix d’alors dont celui d’épouser Charlie, malgré l’échec à venir.
Peggy Sue, c’est aussi une parenthèse pour Coppola : situé entre deux films où la violence est très présente (1), c’est aussi une bouffée d’air (presque) frais dans la filmographie du réalisateur. Ce dernier mettra d’ailleurs du temps avant de revenir à la comédie dramatique (1992), là encore avec un minimum de sourires.
Malgré tout, Coppola saisit bien la période et pas seulement du point de vue visuel. Les mentalités sont là, avec cette morale puritaine qui volera en éclat quelques années plus tard, mais n’est certainement pas à l’ordre du jour à ce moment-là. Pire : la vie rêvée de son amie Maddie (Joan Allen) nous fait bien comprendre le besoin qui fut ressenti par la jeunesse américaine (et mondiale) d’un changement radical des mœurs.
Le seul lien qu’elle pourrait avoir avec son futur/passé vient du personnage de Michael Fitzsimmons (Kevin J. O’Connor), dont les idées libertaires s’accordent un peu pus avec son vécu. Mais là encore, elle refuse la vie qu’il lui propose. Dommage ?
Et puis ce film est aussi une des dernières occasions de voir quelques vieilles gloires hollywoodiennes : Don Murray (Mr. Kelcher, le père de Peggy Sue) ou John Carradine (Leo) dans un de ses derniers rôles, et surtout la formidable Maureen « Jane Parker » O’Sullivan dans le rôle de la grand-mère de la jeune femme/fille.
Alors oui, on peut regretter que l’intrigue n’aille pas jusqu’au bout de ses possibilités avec un changement radical dans la vie de Peggy, mais posons-nous la question : en acceptant d’épouser Richard ou en partant avec Michael, la fin aurait-elle vraiment changé ?
La présence d’un ballon à l’hélium en BoPET au plafond dans son école, au début de son voyage, pourrait participer à la réponse : le BoPet n’est certainement pas utilisé pour fabriquer des ballons en 1960…
PS : Et tout ça sans parler une seule fois de Buddy Holly. Flûte, raté.
- Celle des gangs (The Cotton Club) et la Guerre du Vietnam (Gardens of Stones)